Swiss n'offre aucune solution
Un couple attend son vol vers la Chine depuis 18 mois

Meijie Gasser-Qian doit absolument aller en Chine pour s'occuper de ses parents gravement malades. Toutefois, la compagnie Swiss a repoussé son vol pendant plus d'un an et demi. Comment expliquer cela?
Publié: 06.10.2021 à 12:54 heures
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Jusqu'à présent, il n'y a pas eu de place à bord pour Meijie Gasser-Qian.
Photo: Nathalie Taiana
Sarah Frattaroli, Jessica Chautems (adaptation)

Meijie Gasser-Qian est désespérée. Cette Chinoise qui vit à Volketswil dans le canton de Zurich veut absolument se rendre à Shanghai: sa mère de 85 ans doit subir une importante opération au cœur. Mais cela ne sera possible que si quelqu’un s’occupe de son père, âgé de 88 ans, durant son opération et sa convalescence. Le vieil homme est en fauteuil roulant et a besoin de soins.

Comme les services d’assistance à domicile n’existent pas en Chine, la responsabilité revient à Meijie Gasser-Qian, la fille aînée de la famille, qui doit donc assumer le rôle de soignante. Elle a réservé un vol pour Shanghai en janvier 2020 avec la compagnie Swiss. Il était censé décoller en avril. La sexagénaire avait prévu de rester avec sa famille en Chine pendant près de trois mois. L’arrivée du coronavirus a alors tout chamboulé et le vol de Meijie Gasser-Qian a été annulé.

«Il faut absolument que j’aille en Chine!»

À ce jour, un an et demi plus tard, elle n’a toujours pas réussi à se rendre à Shanghai. Tous les jours, elle téléphone et discute via WhatsApp avec sa mère en Chine. «Je continue à demander à mes parents s’ils se sentent bien. J’ai peur que ma mère tombe soudainement dans la rue. Ils sont tous les deux gravement malades. Ils ont besoin de moi, il faut absolument que j’aille en Chine!»

Le problème se situe du côté de la compagnie aérienne Swiss qui a déjà reporté plusieurs fois le vol de Meijie Gasser-Qian. Les multiples documents de réservation mis à disposition de Blick le prouvent; le vol a été repoussé à de maintes reprises. Il n’y aurait aucun vol disponible pour Shanghai dans les trois prochains mois. Toutefois, officiellement, Swiss propose à nouveau des vols vers la mégapole chinoise depuis l’été 2020.

Ce qui est curieux, c’est que quiconque souhaite réserver un vol pour Shanghai dans les semaines et les mois à venir ne trouvera rien sur le site web de Swiss ou sur d’autres portails de réservation. Le premier siège gratuit en classe économique est disponible en février 2022, pour un coût de 3200 francs. C’est trois fois plus cher qu’avant la pandémie.

La Chine n’accepte que les vols directs

«Les mains de Swiss sont liées», argumente la porte-parole Meike Fuhlrott: «En raison des restrictions imposées par les autorités chinoises, nous ne pouvons vendre qu’un nombre très limité de billets sur cette ligne, et les vols sont tous saturés.»

Selon la réglementation chinoise, les avions ne peuvent être utilisés qu’à 75% de leur capacité. Le mari de Meijie Gasser-Qian, Werner Gasser, suit chaque dimanche soir sur le site Flightradar24 le décollage de Zurich de l’avion suisse à destination de Shanghai. Il ne peut tout simplement pas croire qu’il n’y ait pas eu de place pour sa femme depuis un an et demi.

Il a immédiatement tenté de réserver un nouveau vol avec une autre compagnie aérienne, via Francfort ou Paris, par exemple. Cela n’est toutefois pas possible. Actuellement, la Chine n’autorise les étrangers à entrer dans le pays que par un vol direct. Meijie Gasser-Qian, qui vit en Suisse depuis plus de 20 ans, a dû rendre son passeport chinois lorsqu’elle a reçu son passeport helvétique. Depuis lors, elle est considérée comme une étrangère dans son pays d’origine.

Son visa chinois va bientôt expirer

Meijie Gasser-Qian se sent impuissant. «J’ai enfin obtenu un visa pour la Chine, c’est tellement difficile en ce moment. Une semaine après avoir obtenu mon visa, Swiss me dit qu’il n’y a pas de vols jusqu’à la fin de l’année. Le visa doit être utilisé dans les trois mois. Sinon, il expire.»

Le coût pour la délivrance du visa est de 180 francs. «Nous avons fait une croix sur cet argent il y a longtemps», se lamente Werner Gasser, consterné. Il ne se rappelle même pas combien de fois il a appelé la hotline suisse. «Vous attendez une demi-heure. Parfois, ma batterie était à plat avant que je ne puisse atteindre quelqu'un au téléphone. Dans d’autres cas, les employés du service clientèle étaient vraiment impertinents. Une personne m’a même raccroché au nez. Ce n’est pas une façon de faire!»

La porte-parole de Swiss, Meike Fuhlrott, ne nie pas que des problèmes puissent survenir sur la ligne d’assistance téléphonique. «Actuellement, notre service clientèle connaît un nombre exceptionnellement élevé de demandes de renseignements des clients, ce qui entraîne malheureusement des temps d’attente plus longs dans nos centres d’appels.» Toutefois, elle ajoute que Swiss a pris des mesures pour améliorer la situation.

Les valises sont faites

Le couple Gasser se moquerait bien des problèmes rencontrés avec la hotline, si seulement Meijie Gasser-Qian pouvait enfin s’envoler pour Shanghai. Aux dernières nouvelles, son vol a été reporté de septembre à février. Les Gasser n'y croient même plus, tant le vol a déjà été repoussé...

En guise d’alternative, Meijie Gasser-Qian s’est vu proposer un vol en novembre, mais seulement en classe affaires pour un prix de plus de 8000 francs par siège. «Pour ce montant, on aurait déjà pris huit fois l’avion pour la Chine avant la pandémie!», objecte Werner Gasser.

Avec un peu de chance, Meijie Gasser-Qian pourrait encore obtenir un siège en classe économique cette année, indique Swiss, mais seulement si un autre passager annule.

Meijie Gasser-Qian s’accroche à cette lueur d’espoir. Les valises sont faites; «Je ne peux pas attendre plus longtemps. Les problèmes cardiaques de ma mère sont très dangereux. Elle peut s’endormir aujourd’hui et ne pas être capable de se lever demain. Je suis nerveuse. Son cœur ne peut pas attendre.»

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