«Ici je suis Theres Rösti et non pas l'épouse d'un membre du Conseil fédéral!» C'est ce que Theres Rösti avait déjà précisé l'année dernière, lorsque Blick l'avait accompagné lors d'un vol à destination de Miami. Cette dernière travaille depuis 30 ans comme hôtesse de l'air.
Dans une interview avec la «NZZ», la compagne du conseiller fédéral Albert Rösti a redoublé d'efforts. En tant que partenaire d'un membre du gouvernement, on n'a certes pas de rôle officiel et pourtant, on est «plus que le 'géranium' qui fait office de décoration». Les partenaires sont d'une importance capitale pour les conseillers fédéraux.
Les époux sous les projecteurs
On observe actuellement une tendance intéressante dans les médias: les époux et les épouses des conseillers fédéraux se montrent nettement plus que par le passé. Ils parlent de leur vie privée, de leur profession, mettent l'accent sur leurs propres thématiques.
C'est le cas de Morten Keller, l'époux de la ministre des Finances Karin Keller-Sutter. Il a récemment déclaré dans la «NZZ» qu'il avait toujours considéré son rôle comme celui d'un accompagnateur, d'un «invisible pour le public».
Et pourtant, depuis quelque temps, il s'aventure régulièrement dans la lumière. Par exemple, lorsque le visage de Morten Keller a fait la une du SonntagsBlick et qu'il a raconté les crises de panique dont il avait souffert. Il avait décidé d'en parler parce qu'il tenait à ce que la population en prenne conscience.
Fin de la retenue helvétique?
Aux Etats-Unis, la «First Lady» (il n'y a jamais eu de «First Husband» jusqu'à présent) est une figure centrale, et en France aussi les «Premières Dames» ont un rôle important. Encore plus depuis l'élection d'Emmanuel Macron qui a introduit une charte qui définit les tâches de son épouse Brigitte. «C'est une particularité suisse d'attendre une certaine retenue de la part des époux et des épouses des conseillers fédéraux», explique l'ancien porte-parole du Conseil fédéral Oswald Sigg à Blick.
Il s'y connaît en matière de perception publique du gouvernement: Oswald Sigg a également été chef de la communication de plusieurs politiciens de premier rang. «Il me semble que les apparitions publiques d'époux et d'épouses de conseillers fédéraux se multiplient actuellement», remarque-t-il lui aussi. D'anciens conseillers fédéraux confirment à Blick qu'ils ont, eux aussi, remarqué ce nouveau penchant.
«Cela peut d'une part apporter des points de sympathie, mais aussi amener son lot de critiques supplémentaires», dit Oswald Sigg. La question de savoir dans quelle mesure les partenaires des membres du Conseil fédéral souhaitent se montrer en public est en fin de compte une décision que chaque couple doit prendre pour lui-même. «Chaque épouse et chaque époux du Conseil fédéral peut interpréter ce rôle comme il l'entend.»
Biostatisticienne et expatriée
Tracy Glass Jans, l'épouse du ministre de la Justice Beat Jans, ne manque pas une occasion de s'exprimer. Elle s'expose avec des déclarations politiques comme aucune autre épouse ou époux de conseiller fédéral avant elle.
En avril, dans une interview accordée aux journaux de CH-Media, elle a glissé des critiques contre le président américain Donald Trump. En fait, elle a toujours refusé les interviews politiques, mais la situation a maintenant changé. Depuis que Trump domine toutes les discussions sur les Etats-Unis, elle estime que c'est la période la plus difficile qu'elle ait connue en Europe. «Cela me fait mal de voir comment la réputation de l'Amérique souffre en ce moment.» Et dans le podcast «1776», elle a classé Barack Obama comme son président préféré.
Elle a même sa propre rubrique dans l'hebdomadaire allemand «Die Zeit», où elle écrit des guides pour les expatriés. Tracy Glass Jans y apparaît comme une biostatisticienne et une expatriée. Quand elle parle de son mari, le conseiller fédéral, dans ses textes, elle n'écrit que «Beat».
Silvia Blocher «tombée dans un trou»
Silvia Blocher a dit un jour qu'elle était tombée dans un trou lorsque son mari Christoph Blocher est devenu conseiller fédéral. Selon elle, son passage au Conseil fédéral a sans doute été la période la plus difficile de sa vie. «En tant que femme du Conseil fédéral, vous êtes superflue, l'inverse est également vrai en tant qu'homme.»
C'est peut-être pour cette raison que Tracy Glass Jans, Morten Keller et Theres Rösti cherchent aujourd'hui à se faire leur propre place dans l'opinion publique. Pour s'émanciper du statut de «simple partenaire de».