Un chantier controversé
Le glacier Titlis est-il sacrifié au nom du tourisme?

Le chantier «Titlis 3020», situé a proximité du célèbre glacier fait débat depuis longtemps. Alors que le patron des remontées mécaniques assure que la nature sera préservée, les associations écologiques n'en démordent pas. Un glaciologue fait le point.
Publié: 15.05.2025 à 20:37 heures
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Sur le glacier, le projet «Titlis 3020» est actuellement en construction.
Photo: Keystone
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Martin Meul

Le grand projet «Titlis 3020» à Engelberg, dans le canton d'Obwald, inquiète. Le spectaculaire chantier de construction d'une nouvelle station de montagne, à 3020 mètres d'altitude, fait débat depuis longtemps, notamment en raison des travaux de construction sur le glacier. 

Sur une vidéo montrant des images du chantier, une gigantesque pelle mécanique creuse la glace sur plusieurs mètres de profondeur et l'arrache. La vidéo s'intitule d'ailleurs, à juste titre, «Au revoir le glacier». Un témoin de la scène déclare à Blick: «Je trouve cela scandaleux. Ici, à Engelberg, nous aimons notre glacier. Au lieu de le protéger, on le détruit encore plus».

Plusieurs associations environnementales, comme Pro Natura ou la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage, dénoncent le projet depuis longtemps. Elles reprochent notamment aux responsables de modifier les dernières zones glaciaires intactes en développant l'infrastructure touristique, signant ainsi l'arrêt de mort de précieux espaces naturels.

Les chantiers sur un glacier sont toujours très délicats. Pour rappel, les travaux effectués pour la piste de la Coupe du monde à Zermatt, en Valais, avaient fait l'objet d'une procédure judiciaire car il auraient endommagé le glacier.

Le glacier, capital de l'entreprise

Norbert Patt, patron des remontées mécaniques du Titlis, défend avec véhémence son projet. En entretien, il nous explique que les travaux ne sont pas effectués sur le glacier, mais exclusivement sur le bord du glacier. «C'est une grande différence. Même si les machines passent en grande partie par le glacier», admet Norbert Patt.

Il ajoute que seules des fondations dans la roche seront réalisées pour construire la nouvelle station de montagne. Le glacier lui-même sera recouvert d'un textile non-tissé spécial afin de minimiser l'apport de chaleur et de réduire la fonte de la glace.

Le chef d'entreprise est toutefois conscient que de tels travaux en haute montagne sont peu esthétiques. «Une pelleteuse sur un glacier, ça fait toujours tache dans le paysage. On ne peut pas l'enjoliver.»

Il souligne en outre que le chantier découle d'un projet largement approuvé, qui répond à toutes les exigences légales et écologiques. «La population a soutenu le projet et nous avons suivi une procédure très stricte avant de commencer les travaux.» Actuellement, le glacier est le capital de son entreprise. «Nous ferons tout pour qu'il nous reste le plus longtemps possible.»

Un projet «défendable»

De son côté, le glaciologue Matthias Huss, professeur à l'EPFZ, se montre beaucoup plus nuancé: même si les travaux de construction près des glaciers exigent toujours une précaution maximale, il considère que le projet est «défendable». 

«En principe, les travaux de construction dans la roche au bord du glacier ne sont pas un problème pour le glacier lui-même. Qui plus est, lorsqu'il s'agit de rénover des infrastructures qui existent depuis des décennies, de tels travaux doivent être menés», nous explique l'expert.

Cela suffira-t-il à calmer les critiques des associations environnementales? Rien n'est moins sûr, car selon elles, le projet est à côté de la plaque dans une époque où les glaciers continuent de reculer dangereusement, que le chantier soit au-dessus ou sur le bord du glacier. 

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