Quatre demandes en 18 mois
Après avoir démembré sa femme, ce riche Suisse réclame déjà sa liberté

Depuis le meurtre brutal de sa compagne Ivana L.* à Binningen en 2024, son ex-mari Thomas L.* ne cesse de réclamer sa remise en liberté. Les experts, eux, mettent en garde contre un risque élevé de récidive.
Publié: 15:20 heures
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Dernière mise à jour: 15:32 heures
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Depuis le meurtre d’Ivana L. à Binningen (BL) en 2024, Thomas L. réclame sa liberté malgré un risque élevé de récidive.
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Qendresa Llugiqi

Le 13 février 2024, Thomas L.* a brutalement assassiné sa femme Ivana L.*, la mère de ses deux filles. Cela ne l'empêche pas de réclamer aujourd'hui sa libération. Et pour y parvenir, il ne recule devant aucun effort, comme le révèle la dernière décision du Tribunal cantonal de Bâle-Campagne que Blick a pu consulter. Pour la quatrième fois en un an et demi, ce riche Bernois a déposé le 3 avril 2025 une demande de remise en liberté, et ce, bien que le Tribunal fédéral ait déjà rejeté sa première demande en septembre dernier.

Une buanderie comme scène de crime

Mais revenons en arrière. Nous sommes le mercredi 14 février 2024 vers midi. Une armada de policiers perquisitionne la villa de Thomas et Ivana L. à Binningen, dans le canton de Bâle-Campagne. Ivana a été tuée la veille par son mari. Ce dernier affirme qu'il s'agissait de légitime défense, sa compagne, ex-finaliste de Miss Suisse, l'ayant selon lui attaqué avec un couteau. Se sentant menacé, il explique l'avoir étranglée jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Thomas L. explique son acte par une «réaction de panique». Mais les autorités, elles, parlent plutôt d'«une violente énergie criminelle». Après avoir commis son crime, Thomas L. aurait enduit la tête de sa compagne de crème épilatoire, découpé sa dépouille avec une scie sauteuse, un couteau et un sécateur et aurait finalement broyé une partie de son corps à l'aide d'un mixeur situé dans la buanderie.

Le Ministère public du canton de Bâle-Campagne ouvre alors une procédure pénale pour meurtre. Pour cette instance, une chose est sûre: rien n'indique qu'il y ait eu légitime défense. De son côté, Thomas L. avoue l'homicide mais conteste l'accusation de meurtre. Le 13 février 2024, il est placé en détention provisoire.

Lame de rasoir et nœud coulant en prison

Aujourd'hui, le Bernois est toujours en prison. Durant les 18 derniers mois, il n'a eu de cesse d'harceler la justice dans l'espoir de retrouver sa liberté, comme l'a récemment rapporté le «Tages-Anzeiger». A ce titre, il a proposé différentes mesures de substitution, comme une caution ou un bracelet électronique. Il a répété mainte fois que son rêve était de pouvoir vivre à nouveau avec ses filles.

Le Bernois estime d'ailleurs qu'il n'y a plus aucune raison de le maintenir en détention provisoire. Selon lui, le Ministère public ne fait que se servir de «vieux récits d'horreur». D'après le rapport du Tribunal cantonal, il se décrit lui-même comme «une personne prête à aider, et qui refuse la violence».

Fait particulièrement troublant: la police a retrouvé dans sa cellule une lame de rasoir et un lacet de chaussure enroulé en nœud coulant. Pour les autorités de Bâle-Campagne, il existe d'ailleurs de nombreuses raisons de ne pas libérer Thomas L. Elles évoquent notamment des risques de fuite et de récidive, qu'elles expliquent par son état psychique encore très instable à l'heure actuelle.

A quel point est-il dangereux?

L'année dernière déjà, alors qu'il n'y avait pas encore d'expertise médico-légale et psychologique définitive, le tribunal cantonal avait souligné que «le démembrement du corps de la victime» était sans doute le fruit d'un «trouble psychique significatif». Depuis, une expertise a été réalisée. Avec un résultat sans appel: Thomas L. présente bel et bien «un risque considérable de récidive de délits violents».

«
Il sera très difficile pour lui d'obtenir sa liberté, même conditionnelle
André Kuhn, expert indépendant en droit pénal
»

Dans sa dernière demande de libération, Thomas L. tente de semer le doute sur cette expertise, et ce, en se basant sur une évaluation effectuée par une professeure de droit émérite. Problème: c'est lui-même qui l'a mandatée et rémunérée. Insuffisant donc pour faire plier les autorités.

Malgré tout, Thomas L. est en droit de lancer toutes les demandes de remise en liberté et toutes les procédures de recours qu'il souhaite. Contacté par Blick, André Kuhn, expert indépendant en droit pénal, confirme qu'il n'y a, en principe, «aucune restriction» qui puisse contrecarrer les plans de Thomas L.. En revanche, ce dernier devrait en faire les frais, de nombreuses procédures de recours étant chiffrées à plus de 1500 francs.

De toute façon, André Kuhn ne s'attend pas à ce que l'accusé obtienne gain de cause. «Dans le cas présent, il s'agit d'un meurtre, donc d'une accusation de délit violent très grave. Et étant donné que l'expertise psychiatrique souligne un risque réel que le prévenu puisse commettre à nouveau d'autres délits de ce genre, il sera très difficile pour lui d'obtenir sa liberté, même conditionnelle.»

* Noms connus de la rédaction

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