44 milliards de francs de produits
Comment ce mini-pays alpin est devenu le 3e partenaire commercial de la Suisse

Depuis cette année, la Slovénie est le troisième partenaire commercial de la Suisse. Les échanges ont explosé depuis 2017. Comment l'expliquer?
Publié: 05:50 heures
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Avec 44 milliards de francs, le petit pays alpin est désormais le troisième partenaire de la Suisse.
Photo: Getty Images/iStockphoto
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Robin Wegmüller

À l’échelle internationale, la Slovénie, avec ses deux millions d’habitants et une économie d’environ 70 milliards de dollars, reste un poids plume. Pourtant, ce petit pays alpin s’est hissé ces dernières années parmi les partenaires commerciaux majeurs de la Suisse. Les échanges bilatéraux ont littéralement explosé.

Il y a un peu plus de dix ans, la valeur des marchandises échangées entre la Suisse et la Slovénie ne dépassait pas 400 millions de francs. En 2024, ce chiffre a franchi les 44 milliards, soit une hausse de plus de 60% par rapport à l’année précédente, selon l’Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières (OFDF). La Slovénie devient ainsi le troisième partenaire commercial de la Suisse, derrière les États-Unis et l’Allemagne – devant la France, la Chine, et désormais l’Italie. Une progression inattendue.

99 % de pharmaceutique

Mais comment ce petit pays a-t-il pris une telle importance? Tout repose sur l’industrie pharmaceutique. Ce secteur représente presque l’intégralité des échanges avec la Slovénie. En 2024, les produits pharmaceutiques ont constitué 99% des exportations suisses et 97% des importations – une tendance déjà observée les années précédentes.

Le groupe bâlois Novartis y joue un rôle central. En 2002, il a racheté la société slovène Lek pour 1,3 milliard de francs et n’a cessé d’y investir. Sa filiale de génériques Sandoz, devenue indépendante en 2023, a fait de la Slovénie un acteur mondial de premier plan dans ce domaine. Ces dernières années, les entreprises ont aussi choisi d’y produire des médicaments plus complexes et à forte valeur ajoutée.

Cette dynamique a attiré d’autres entreprises suisses. Le logisticien Kühne+Nagel, basé à Schindellegi (SZ), a ouvert un centre de traitement pharmaceutique à cinq minutes de l’aéroport de Ljubljana.

Une augmentation de 154% en 2025

Mais pourquoi observe-t-on une telle envolée des importations et exportations? Les Slovènes ne sont pas davantage malades que d’autres Européens et ne consomment pas plus de médicaments. Ces flux reflètent surtout des échanges intra-groupes.

Les médicaments de Novartis ne sont plus exclusivement produits à Bâle. Certains composants, fabriqués à l’étranger, transitent par la Slovénie avant d’être réexportés sous forme de produits finis vers d’autres marchés.

Les droits de douane américains accentuent encore cette tendance. Au premier trimestre 2025, les exportations vers la Slovénie ont progressé de 37%, et les importations en provenance de ce pays ont bondi de 154%. Le président américain Donald Trump bouleverse les règles du jeu pour les géants suisses de la pharma. Dans ce contexte, la Slovénie, membre stable de l’UE, prend une importance stratégique accrue. Ce poids plume pourrait bien devenir un partenaire encore plus incontournable pour la Suisse.

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