Une ombre pesante plane sur les Alpes et menace la Suisse et l'Autriche. Peu avant le début de la saison d'hiver, les restaurateurs et les hôteliers manquent de milliers d'employés dans les montagnes.
Dans l'hôtellerie grisonne et dans l'Oberland bernois, on estime que la saison d'hiver commencera avec un déficit de 5% de personnel qualifié. En Valais, on s'attend à un manque de 5 à 10%.
Une offre imbattable
Et la situation risque de ne pas s'arranger. Car nos voisins autrichiens mettent les bouchées doubles pour recruter du nouveau personnel. Ils attirent les candidats avec une offre unique en Europe: 3000 euros par mois et un hébergement gratuit dans les stations de ski.
L'Autriche cherche avant tout à combler une pénurie du personnel de service. En Carinthie et en Styrie, de nombreux postes restent en effet vacants. Pour y faire face, les stations autrichiennes tentent de recruter davantage de main-d'œuvre en provenance de Roumanie, d'Espagne et d'autres pays de l'UE, via la plateforme de placement Eures et des agences de placement nationales.
Les Autrichiens attirent avec des chambres gratuites
Et les compétences requises ne sont pas exigeantes non plus. Les personnes intéressées doivent soit parler un anglais de base (niveau B1), soit avoir des connaissances de base en allemand (A2), être aimables et capables de travailler en équipe, comme l'écrit le journal roumain «Libertatea».
Mais surtout, de nombreux hôtels mettent gratuitement à disposition des chambres avec salle de bain, wifi et télévision. Certains offrent également des réductions sur les forfaits de ski ou un accès gratuit au centre de fitness et de bien-être. En outre, les citoyens de l'UE n'ont pas besoin d'un permis de travail spécial. Seuls les séjours de plus de trois mois doivent être déclarés.
Quel impact pour les stations suisses?
Face à cette situation, les employeurs suisses peuvent-ils rivaliser? Au niveau du salaire, oui. Le salaire minimum dans la restauration est de 3700 francs par mois. Même pendant la période d'essai, il est de 3400 francs, donc toujours plus qu'en Autriche.
Les annonces d'emploi suisses montrent aussi que de nombreux hôtels locaux proposent des prestations supplémentaires pour attirer des travailleurs. Repas à prix réduits, rabais à gogo pour le spa, le fitness et les massages et même des offres gratuites.
Les établissements font la promotion d'une semaine de cinq jours, d'horaires de travail réguliers, l'absence d'heure de couvre-feu et d'un salaire supérieur à la moyenne. De nombreuses annonces mentionnent aussi qu'un logement est mis à disposition, mais généralement contre rémunération...
Le client ne doit rien remarquer du manque de personnel
Malgré ces conditions, des centaines de postes sont toujours vacants en Suisse, ce qui n'est pas sans conséquences. Si un hôtel manque de personnel, il doit rogner sur l'offre pour que les employés puissent tenir la saison d'hiver. «On réduit par exemple le nombre de plats sur la carte des menus», explique à Blick Stefan Grossniklaus, président des hôteliers de l'Oberland bernois.
L'important est que la qualité et le rapport qualité-prix soient corrects et que le repas arrive à temps sur la table. «Le client ne doit rien remarquer si l'offre diminue.»
Cette situation n'est pas nouvelle. Les établissements y sont confrontés depuis quelques années et ont trouvé des solutions pour réduire les heures d'ouverture sans que l'expérience du client en pâtisse. Dans les coopérations hôtelières, les clients sont par exemple nourris certains soirs dans un seul établissement – la cuisine reste alors fermée dans les autres hôtels. Ou alors, les hôtels collaborent avec un restaurant voisin pour que les hôtes puissent y dînent. Des aménagements qui permettent actuellement de palier la pénurie de personnel. En espérant que l'offensive autrichienne ne péjore pas davantage la situation.