Alors que l'Etat de Vaud doit économiser dans le secteur de la santé, sa ministre Rebecca Ruiz justifie les coupes budgétaires prévues. Dans une interview accordée à 24 heures, elle explique notamment pourquoi les Pôles santé de régions excentrées, au Pays-d'Enhaut et à la Vallée de Joux, sont particulièrement touchés.
«En moyenne cantonale, le financement par habitant là où il y a un hôpital de la Fédération des hôpitaux vaudois (FHV) est de 216 francs. La vallée de Joux est à 908 et le Pays-d'Enhaut à 1393 francs. Pour ces deux, le soutien cantonal représente environ un tiers de leur financement», explique mardi la conseillère d'Etat au quotidien vaudois.
Tandis que les hospitalisations baissent, ce financement devient «trop important par rapport aux investissements nécessaires pour mettre les infrastructures hospitalières aux normes», note-t-elle. Et d'ajouter que ces pôles doivent «mieux collaborer» avec les hôpitaux régionaux de référence, «vers lesquels les patients se dirigent davantage.»
Des coûts par habitant trop élevés
Le rôle de ces Pôles santé n'est toutefois pas remis en cause. «Ils doivent se concentrer sur leur mission de base, à savoir des soins coordonnés entre la médecine générale, les soins à domicile, les EMS et les établissements psychosociaux», assure-t-elle.
Toutefois, Rebecca Ruiz souligne «qu'il n'est pas possible d'assurer les mêmes types de prestations partout», notamment pour des raisons de sécurité pour les patients, «car il faut une certaine taille critique et un nombre d'interventions minimum», mais aussi parce que «les plateaux techniques coûtent extrêmement cher pour peu de patients.» Selon la ministre socialiste, «garantir un service public de qualité, c'est utiliser l'argent public au bon endroit.»
Les Pôles santé ne seront toutefois pas les seuls impactés par les économies. Le CHUV, par exemple, sera également concerné. «Il va être touché, mais comme pour d'autres politiques publiques, les montants ne sont pas arrêtés définitivement», indique la cheffe du Département de la santé et de l'action sociale.
Alors que son propre parti, le PS, critique ces mesures d'économie, Rebecca Ruiz assure qu'elle ne va pas s'opposer publiquement aux décisions prises au sein du Conseil d'Etat, dominé par la droite. «Mon devoir est d'abord d'essayer d'obtenir le maximum à l'intérieur de l'institution, que je respecte trop pour commencer à brandir publiquement des menaces de rupture de collégialité à chaque étape difficile. D'autant que le processus budgétaire ne fait que commencer», affirme-t-elle.