Les mois d'automne font battre le cœur des chasseurs. Depuis septembre dans les montagnes et les forêts suisses, les férus de chasse se mettent à l'affût et guettent le chamois et le cerf. Le Valais relance cette année une pratique qui avait fait les gros titres avant son interdiction: les personnes extérieures au canton et les étrangers peuvent à nouveau chasser des bouquetins. Il est d'ailleurs le seul canton en Suisse à autoriser ce type de pratique.
En 2019, le modèle valaisan a été mis sous pression après une enquête de la RTS qui avait fait beaucoup de bruit. De riches touristes étrangers payaient plusieurs milliers de francs pour un «safari bouquetin». Plus les cornes étaient longues, plus le prix était élevé. L'enquête de la RTS avait déclenché une énorme tempête de protestations. Le Canton avait réagi et avait finalement interdit la pratique en 2021.
La demande a dépassé l'offre
Mais cette année, l'interdiction est tombée. Selon le Canton, il y a trop de boucs et les populations doivent être régulées. Toutefois, pour empêcher les «safaris de bouquetins», des conditions strictes sont désormais en vigueur. Le prix n'est plus défini en fonction de la longueur des cornes, mais de l'âge de l'animal. Un garde-chasse accompagne les chasseurs extérieurs et décide quel animal doit être abattu. La taxe est versée directement au Canton, et non plus à des agences privées.
Malgré tout, cette pratique ressemble fortement à une chasse aux trophées: les non-Valaisans ne peuvent abattre que les mâles de plus de onze ans, c'est-à-dire ceux qui ont les cornes les plus imposantes. Cela rapporte beaucoup d'argent dans les caisses du Canton. La chasse coûte 25'000 francs pour les étrangers, mais moitié moins pour les chasseurs suisses. Les Valaisans et les Valaisannes peuvent également abattre des animaux plus jeunes et des femelles pour une somme moins élevée.
Interrogé par Blick, le Canton du Valais explique que 62 contingents répartis sur toutes les catégories de bouquetins ont été attribués à des chasseurs valaisans autorisés. 18 autres ont été attribués pour les boucs de onze ans dont neuf à des Suisses et neuf à des chasseurs étrangers.
La demande a même dépassé l'offre: le Canton n'a pas pu tenir compte d'environ un tiers des inscriptions pour les boucs les plus âgés, car aucun autre contingent n'était disponible dans le cadre de la planification des tirs. Au total, le Canton attend des recettes de 400'000 francs pour l'année 2025.
Le loup exige une analyse précise
La biologiste Brigitte Wolf, coprésidente des Vert-e-s Valais, était considérée comme l'une des critiques les plus virulentes de la chasse au bouquetin en Valais. Mais aujourd'hui, elle trouve la nouvelle réglementation plus appropriée, tant que l'on regarde de près la chasse et les critères biologiques. Il est par exemple important d'analyser précisément les troupeaux avant d'autoriser un tir, car les vieux boucs sont essentiels pour la dynamique d'une harde de bouquetins.
«Bien sûr, il s'agit toujours d'une chasse aux trophées», ajoute Brigitte Wolf. Aucun Américain ne vient en Suisse pour abattre une chèvre de montagne âgée de quatre ans. Si quelqu'un paie autant d'argent, c'est pour de grands boucs.» Mais selon elle, cela n'est pas nécessairement mauvais. «Si un animal doit être retiré d'une harde, peu importe finalement que le tir soit effectué par un chasseur local ou étranger.»
Toute chasse est-elle une chasse au trophée?
Avant l'interdiction de 2021, Eric von Schulthess proposait lui-même des tours de chasse dans le canton du Valais. «J'avais surtout une clientèle de pays européens, de Russie et des Etats-Unis», explique-t-il. Il estime que le terme de «chasse au trophée» est trompeur. En fin de compte, chaque animal abattu revêt un trophée: dans le cas d'une biche, le trophée n'est pas la corne, mais la fourrure.
Autrefois, des agences comme la sienne pouvaient acheter les tirs de bouquetins au Canton et les revendre. Il s'oppose à la représentation de la chasse au bouquetin en Valais telle qu'elle était montrée dans le reportage télévisé de l'époque.
«Le bouquetin n'a pas de pression de chasse et peu d'instinct de fuite, on peut les abattre relativement facilement», explique le chasseur valaisan. «Il n'y a donc jamais eu d'incitation à ne pas respecter l'éthique de la chasse et la loi sur la chasse.» De plus, son agence n'aurait jamais donné de garantie sur un abattage. «Le chasseur reçoit ce que la nature lui offre. Il faut l'accepter.»
Malgré tout, Eric von Schulthess ne voit aucun problème dans la nouvelle réglementation. «J'aurais volontiers continué, cela me convient», dit-il. Il propose désormais des chasses au bouquetin en Autriche, dans un cadre plus restreint.