Mercredi dans ce quartier calme de Corcelles (NE), les voisins sont sous le choc. La plupart ont vu et entendu l’intervention policière dans la rue. Et certains ont déposé des fleurs devant l’entrée du petit immeuble du village neuchâtelois. Mais c'est ce qui se tramait à l’intérieur de l’appartement qui est effroyable.
Ce mardi 19 août, peu après 23h25, une patrouille a forcé le verrou pour découvrir l’horreur… et son responsable. Un homme, couteau à la main, devant le corps de ses deux fillettes de 10 et 3 ans. Il a fallu immobiliser la menace avant de trouver, dans une autre pièce, le corps inanimé de l’épouse et mère des enfants.
«Pose le couteau!»
«Après de multiples sommations, l’individu a tenté de s’en prendre aux gendarmes présents avec son couteau», communiquent la police cantonale et le Ministère public. Ce qui a poussé un des policiers à tirer à trois reprises dans le bas du corps de l’homme. Le prévenu interpellé, un ressortissant algérien de 52 ans, est au bénéfice d’une autorisation de séjour.
Une voisine de ce vieil immeuble «aux murs très fins», qui a «souvent entendu la petite jouer dans sa chambre», décrit la scène qu’elle a entendue. «Les policiers ont crié 'Pose le couteau!' plusieurs fois, avant les coups de feu. Puis, ce que j’ai compris, c’est que les agents ont tenté de réanimer l’homme.» En effet, la police indique «avoir maîtrisé et secouru cet homme» avant de découvrir «le corps d’une femme dans une autre pièce de l’appartement», gisant «dans une mare de sang».
«C’est inimaginable»
«Au moment des coups de feu, j’ai cru à de simples pétards», raconte un habitant de l’immeuble d’à côté, les larmes aux yeux. «C’est inimaginable de faire ça à des enfants. J’ai une gamine du même âge. Certains week-ends, les deux enfants jouaient avec ma fille dans le jardin. La prochaine fois, je lui dirai que les voisins ont déménagé.»
La mère et ses deux enfants semblaient plutôt discrets, d’après les passants du coin. La voisine qui a tout entendu indique avoir parfois vu un homme visiter la quadragénaire. Celle-ci vivait seule avec ses deux filles, à la suite d’un processus de séparation entamé deux mois plus tôt. Selon la police, l’homme habitait Le Locle.
Une autre voisine décrit une femme qui avait «l’air jeune» et qu’elle n’avait vue que deux fois depuis décembre, et jamais de tout l’été. «Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est qu’un père puisse tuer ses enfants, témoigne-t-elle. Moi-même, j’ai deux enfants. Et si je perds l’un d’eux, je me laisse crever.»
Indices insuffisants pour intervenir plus vite
C’est une proche de la victime – sa sœur, selon le procureur chargé de l’affaire – qui a alerté les forces de l’ordre peu après 21h. Son «inquiétude», selon la police? Ne plus avoir eu de contact avec elle depuis 14h ce mardi. «Le coup de téléphone ne faisait pas état de menaces sur la vie ou l’intégrité», indique Simon Baechler, chef de la police judiciaire.
Une patrouille s’est donc rendue au domicile pour se retrouver devant porte close et «sans signe de présence à l’intérieur». «Les policiers ont agi plus vite que d’ordinaire et ont eu l’idée de proposer à l’officier de police judiciaire de faire forcer cette porte. Ce n’est pas anodin, de rentrer ainsi dans la sphère privée des gens», précise Simon Baechler.
«Dans l’appartement, ni bruit, ni lumières, ni signes d’activités qui auraient pu laisser penser que des gens se trouvaient à l’intérieur. L’enquête de voisinage n’a apporté aucun soupçon particulier. C’est pourquoi les policiers n’ont pas forcé la porte immédiatement.» Une autorisation a été décernée sur la base de l’intuition des agents. C’est finalement vers 23h15 – après avoir attendu un serrurier – que la police a pu entrer dans l’appartement et tomber sur la scène d’horreur.
En 2022, la police était intervenue auprès de cette famille pour des violences domestiques. Des plaintes avaient été déposées aussi bien par l’épouse que l’époux, notamment pour dommage à la propriété. Depuis trois ans, cette famille «n’avait plus fait l’objet d’annonce auprès de la police», communique la police.
La question du féminicide
Ce triple homicide sera-t-il qualifié de féminicide par les autorités? Après la conférence de presse, Simon Baechler abonde dans ce sens: «Pour ce qui est de la police, à ce stade, tout indique des violences d’un père de famille envers son épouse, dont il est séparé, et ses deux filles. Dans le langage courant, ça ressemble beaucoup à ce que l’on qualifie de féminicide.»
Pour le procureur Jean-Paul Ros, sur le plan juridique, il est trop tôt pour le dire. «Le féminicide doit être entendu comme un phénomène. Evidemment qu’au moment où un réquisitoire sera fait devant un tribunal, c’est un terme qui pourrait tout à fait s’appliquer à cette situation. Une fois de plus, un homme s’en est pris à une femme. Mais il ne faut pas oublier les deux enfants. C’est une famille complète qui a été occise.»
Vous, ou l'une de vos proches, êtes victime de violences de la part d'un partenaire ou d'un proche? Voici les ressources auxquelles vous pouvez faire appel.
En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.
Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.
- Solidarité Femmes Bienne
032 322 03 44
9-12h et 14-20h
Mercredi: 14-20h
Samedi: 10-12h
Dimanche: 17-20h - Solidarité Femmes et Centre LAVI Fribourg
info@sf-lavi.ch
026 322 22 02 9-12h et 14h-18h
Ligne de nuit 19h-7h
Weekends et jours fériés: 11–17h - AVVEC Genève
info@avvec.ch
022 797 10 10 - Au cœur des Grottes, Genève
022 338 24 80
Lu-Ve 8h30-12h - Ligne d’écoute en matière de violence domestiques Genève
0840 11 01 10 - Centre d’accueil Malley Prairie, Lausanne
021 620 76 76
Non—stop - Maison de Neuchâtel SAVI
savi.ne@ne.ch
032 889 66 49 - SAVI La Chaux-de-Fonds
savi.cdf@ne.ch
032 889 66 52 - Unité de médecine des violences (UMV)
Consultation médico-légale - Bureau fédéral de l’égalité
- LAVI. Aide aux victimes d’infractions
- Fédération solidarité femmes Suisse
- Brava – ehemals TERRE DES FEMMES Schweiz
076 725 91 21
Lundi à Mercredi 14h-16h
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