Triple homicide à Corcelles (NE)
«Avant les coups de feu, les policiers ont crié: «Pose le couteau!»

A Corcelles (NE), où un homme a tué sa femme et ses deux fillettes, c'est le choc. Une voisine raconte ce qu'elle a entendu de l'intervention. La sœur de la victime a alerté la police, inquiète.
Publié: 20.08.2025 à 16:20 heures
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Dernière mise à jour: 20.08.2025 à 22:08 heures
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Un homme a tué son ex-femme et ses deux fillettes, dans qui s'apparente à un triple féminicide à Corcelles (NE).
Photo: Léo Michoud / Blick
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Léo MichoudJournaliste Blick

Mercredi dans ce quartier calme de Corcelles (NE), les voisins sont sous le choc. La plupart ont vu et entendu l’intervention policière dans la rue. Et certains ont déposé des fleurs devant l’entrée du petit immeuble du village neuchâtelois. Mais c'est ce qui se tramait à l’intérieur de l’appartement qui est effroyable.

Ce mardi 19 août, peu après 23h25, une patrouille a forcé le verrou pour découvrir l’horreur… et son responsable. Un homme, couteau à la main, devant le corps de ses deux fillettes de 10 et 3 ans. Il a fallu immobiliser la menace avant de trouver, dans une autre pièce, le corps inanimé de l’épouse et mère des enfants.

«Pose le couteau!»

«Après de multiples sommations, l’individu a tenté de s’en prendre aux gendarmes présents avec son couteau», communiquent la police cantonale et le Ministère public. Ce qui a poussé un des policiers à tirer à trois reprises dans le bas du corps de l’homme. Le prévenu interpellé, un ressortissant algérien de 52 ans, est au bénéfice d’une autorisation de séjour.

Une voisine de ce vieil immeuble «aux murs très fins», qui a «souvent entendu la petite jouer dans sa chambre», décrit la scène qu’elle a entendue. «Les policiers ont crié 'Pose le couteau!' plusieurs fois, avant les coups de feu. Puis, ce que j’ai compris, c’est que les agents ont tenté de réanimer l’homme.» En effet, la police indique «avoir maîtrisé et secouru cet homme» avant de découvrir «le corps d’une femme dans une autre pièce de l’appartement», gisant «dans une mare de sang».

«C’est inimaginable»

«Au moment des coups de feu, j’ai cru à de simples pétards», raconte un habitant de l’immeuble d’à côté, les larmes aux yeux. «C’est inimaginable de faire ça à des enfants. J’ai une gamine du même âge. Certains week-ends, les deux enfants jouaient avec ma fille dans le jardin. La prochaine fois, je lui dirai que les voisins ont déménagé.»

La mère et ses deux enfants semblaient plutôt discrets, d’après les passants du coin. La voisine qui a tout entendu indique avoir parfois vu un homme visiter la quadragénaire. Celle-ci vivait seule avec ses deux filles, à la suite d’un processus de séparation entamé deux mois plus tôt. Selon la police, l’homme habitait Le Locle.

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Une autre voisine décrit une femme qui avait «l’air jeune» et qu’elle n’avait vue que deux fois depuis décembre, et jamais de tout l’été. «Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est qu’un père puisse tuer ses enfants, témoigne-t-elle. Moi-même, j’ai deux enfants. Et si je perds l’un d’eux, je me laisse crever.»

Indices insuffisants pour intervenir plus vite

C’est une proche de la victime – sa sœur, selon le procureur chargé de l’affaire – qui a alerté les forces de l’ordre peu après 21h. Son «inquiétude», selon la police? Ne plus avoir eu de contact avec elle depuis 14h ce mardi. «Le coup de téléphone ne faisait pas état de menaces sur la vie ou l’intégrité», indique Simon Baechler, chef de la police judiciaire.

Une patrouille s’est donc rendue au domicile pour se retrouver devant porte close et «sans signe de présence à l’intérieur». «Les policiers ont agi plus vite que d’ordinaire et ont eu l’idée de proposer à l’officier de police judiciaire de faire forcer cette porte. Ce n’est pas anodin, de rentrer ainsi dans la sphère privée des gens», précise Simon Baechler.

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Dans le langage courant, ça ressemble beaucoup à ce que l'on qualifie de féminicide
Simon Baechler, chef de la police judiciaire
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«Dans l’appartement, ni bruit, ni lumières, ni signes d’activités qui auraient pu laisser penser que des gens se trouvaient à l’intérieur. L’enquête de voisinage n’a apporté aucun soupçon particulier. C’est pourquoi les policiers n’ont pas forcé la porte immédiatement.» Une autorisation a été décernée sur la base de l’intuition des agents. C’est finalement vers 23h15 – après avoir attendu un serrurier – que la police a pu entrer dans l’appartement et tomber sur la scène d’horreur.

En 2022, la police était intervenue auprès de cette famille pour des violences domestiques. Des plaintes avaient été déposées aussi bien par l’épouse que l’époux, notamment pour dommage à la propriété. Depuis trois ans, cette famille «n’avait plus fait l’objet d’annonce auprès de la police», communique la police.

La question du féminicide

Ce triple homicide sera-t-il qualifié de féminicide par les autorités? Après la conférence de presse, Simon Baechler abonde dans ce sens: «Pour ce qui est de la police, à ce stade, tout indique des violences d’un père de famille envers son épouse, dont il est séparé, et ses deux filles. Dans le langage courant, ça ressemble beaucoup à ce que l’on qualifie de féminicide.»

Pour le procureur Jean-Paul Ros, sur le plan juridique, il est trop tôt pour le dire. «Le féminicide doit être entendu comme un phénomène. Evidemment qu’au moment où un réquisitoire sera fait devant un tribunal, c’est un terme qui pourrait tout à fait s’appliquer à cette situation. Une fois de plus, un homme s’en est pris à une femme. Mais il ne faut pas oublier les deux enfants. C’est une famille complète qui a été occise.»

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Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.

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