Des milliers de beaux jeunes gens en justaucorps qui dorment ensemble dans des gymnases ou des campings dix jours durant, qu'est-ce que ça donne? La question intrigue, alors que la Fête fédérale de gymnastique va démarrer ce jeudi 12 juin à Lausanne.
Près de 65'000 gymnastes convergent vers la capitale vaudoise pour l'occasion. Et l'événement se veut inclusif comme un album de «Tintin», avec ses athlètes de 7 à 77 ans. Mais la sexualité des adolescents et des jeunes adultes a-t-elle été prise en compte par les organisateurs? Le cocktail de performances sportives, de liesse et de soleil caniculaire semble en effet propice à ce que la fête se prolonge dans les dortoirs.
Des saltos en tous genres
D'autant que la sexualité des jeunes sportifs est un vrai thème de ces fêtes, rapportent plusieurs sources à Blick. Ou plutôt, une partie intégrante de l'événement pour bon nombre d'entre eux, qui profitent de ce moment de vie communautaire pour s'entraîner au sport de chambre.
Les organisateurs, une fois les risques techniques, sécuritaires ou naturels balisés, ont-ils pensé aux questions de consentement? A la prévention face aux maladies sexuellement transmissibles (MST)? Aux grossesses non désirées? La Fédération suisse de gymnastique renvoie au comité d'organisation de Lausanne pour tout ce qui relève de la prévention et de l'encadrement des jeunes.
«Ça n'a jamais été une thématique comme aux Jeux Olympiques, annonce d'emblée Gaël Lasserre, directeur général du comité d'organisation de la Fête à Lausanne. Des préservatifs sont en vente dans des distributeurs automatiques. Comme il y a cette notion de dormir en groupe, il n'y a pas vraiment d'intimité. On est toujours à plusieurs. On imagine bien que certains y arrivent, mais le terreau n'est pas très propice.»
Encadrement au rendez-vous
En effet, comme l'explique le directeur, les sociétés de gymnastique viennent plutôt un jour, une nuit. «On n'a pas tout le monde en même temps. Le gymnaste fait son concours, fait la fête et dort, en règle générale. La journée, le camping est quasiment vide.»
Par ailleurs, la gymnastique comprenant plusieurs disciplines mixtes, le fait de séparer les sportifs pendant la nuit ne serait pas très bien vu. «Ce n'est pas dans la pratique, indique ainsi le directeur général de la Fête à Lausanne. Il y a une ambiance de groupe, les gymnastes font des productions mixtes.»
Ces sportifs sont tous encadrés par des moniteurs, au sein de leurs sociétés. «Tous sont formés et évidemment sensibilisés à toutes ces questions par différents organes proposés par leurs faîtières», souligne Gaël Lasserre.
L'hébergement est ainsi placé sous la responsabilité des sociétés de gymnastique, surtout pour les mineurs. «Ce sont les sociétés de gymnastique qui réservent et nous annoncent avec quels gymnastes elles se présentent», ajoute l'organisateur. Dans le camping, des patrouilles tournent la nuit, et dans les gymnases locaux transformés en dortoir, des agents de sécurité font des rondes de nuit.
Toute la prévention en un mois
Le comité de la Fête à Lausanne a pourtant mis le paquet sur une multitude de dispositifs de prévention. De l'alcool au harcèlement en passant par la canicule, il y a une campagne et de la communication pour tout. Que les infos soient relayées via le site internet, les réseaux sociaux, l’application ou plusieurs milliers d’affiches déployées sur les sites de compétition, de la Fête et aux hébergements.
Problème: le comité lausannois organise un événement, puis est dissout droit derrière. Sa mission? «Offrir des conditions cadres optimales dans le respect du milieu gymnique, rappelle Gaël Lasserre. Mais nous avons un contact assez tardif avec les sociétés et les participants. C'est dans le dernier mois qu'on a leur attention, avant cela, ils ont d'autres championnats et compétitions. Tout ce qu'on communique est surtout lu le mois avant la Fête.»
Présence policière renforcée
Le temps est donc très court pour nouer le dialogue avec les 65'000 participants. Il faut donc des concepts connus. Comme à Paléo, le dispositif «Angela» est en place pour accueillir les victimes de harcèlement. Les membres du comité sont formés notamment par la cheffe de l’unité spécialisée de la police judiciaire lausannoise.
La sécurité, elle, est assurée par un trio: police judiciaire, Securitas et Protection civile. La Fête et la police judiciaire collaborent pour toute la durée de l'événement, et la présence policière pourrait être renforcée. Enfin, pour éviter que la fête ne tourne mal après quelques verres, une campagne de prévention rappelle un principe de base: on n'abandonne jamais une personne vulnérable et alcoolisée.