Le Conseil suisse de la presse (CSP) admet l'essentiel d'une plainte de l'EPFL contre Léman Bleu. Il estime qu'une question posée par la télévision locale genevoise dans une interview sur le Proche-Orient et la collaboration avec les universités israéliennes viole le devoir de recherche de la vérité. La plainte portait sur l'information «visiblement erronée» selon laquelle la haute école «collabore aussi sur des sujets très très précis au niveau militaire» avec Israël, indique jeudi le CSP.
Le sujet avait été abordé lors d'un reportage diffusé le 6 juin 2024 sur la mobilisation de la Coordinaton étudiante pour la Palestine devant l'Université de Genève visant à dénoncer les relations entre la haute école et des universités israéliennes.
Le journaliste avait posé sa première question à un porte-parole de la Coordination par une affirmation relative à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Le sujet de l'EPFL n'avait ensuite plus été abordé dans le reportage.
Devoir de vérification
L'EPFL avait alors porté plainte devant le CSP, dénonçant «une affirmation mensongère dénuée de tout fondement», attentatoire à l'honneur dans le contexte très tendu du conflit à Gaza. Elle avait exigé un rectificatif, stipulant que «l'affirmation de Léman Bleu selon laquelle l'EPFL est active sur des projets militaires en lien avec Israël n'est pas correcte et ne repose sur aucune information fiable». Elle s'est heurtée à un refus catégorique de la chaîne.
Pour le CSP, le fait que cette affirmation ait été formulée dans une question, qui porte en plus sur un sujet différent, n'enlève rien à son caractère problématique. «Le devoir de vérification, qui est au fondement de la recherche de la vérité, s'applique aussi à des éléments contenus dans une question et présentés comme établis, surtout lorsque celle-ci n'appelle aucune réponse de la part de l'interviewé», écrit le Conseil de la presse.
Droit à un rectificatif
Léman Bleu avait aussi le devoir de publier un rectificatif, ajoute l'organe de déontologie des médias suisses, qui «peine à comprendre pourquoi (un rectificatif) a été refusé». L'affirmation d'une collaboration en cours, sans aucun élément pour l'étayer, ne peut en effet être considérée comme une information sans importance dans le contexte du conflit actuel et des polémiques qui l'entourent.
Le Conseil estime en revanche que Léman Bleu n'a pas violé le chiffre 3 de la «Déclaration des droits et des devoirs des journalistes» (donner comme telles des nouvelles non confirmées). Il ne s'agit pas ici d'une nouvelle non confirmée (comme une rumeur), mais bien plutôt d'une information déjà démentie publiquement par l'EPFL quant à un partenariat militaire toujours en cours.