Aucun candidat n'a obtenu dimanche la majorité absolue lors du 1er tour de l'élection au Gouvernement jurassien. Les trois ministres sortants terminent en tête: la socialiste Rosalie Beuret Siess, le centriste Stéphane Theurillat et le candidat indépendant Martial Courtet. Le 2e tour est fixé au 9 novembre.
Les socialistes réussissent un tir groupé en plaçant trois candidats parmi les cinq premiers: Rosalie Beuret Siess obtient 11'435 voix, Raphaël Ciocchi 7147 voix avec une 4e place, devançant Valentin Zuber de seulement 15 voix. Le ministre du Centre Stéphane Theurillat se classe second avec 10'193 voix.
La majorité absolue était fixée à 13'646 suffrages. La participation s'est élevée à 41,5%, un taux décevant alors que ce scrutin avait un caractère inédit avec la participation des citoyens de Moutier qui ont pu s'exprimer avant même le transfert de la commune dans le canton du Jura. La ministre Rosalie Beuret Siess s'est réjouie d'un «magnifique résultat» tant sur le plan personnel que collectif. «Je n'aurais pas pu rêver mieux», a déclaré pour sa part son collègue Stéphane Theurillat. Le centriste estime que toutes les personnes qui ont voté pour Martial Courtet n'ont pas forcément compris le contenu de l'audit sur la gestion de son département.
Optimisme de Martial Courtet
Martial Courtet, dont le score était très attendu, a toujours fait la course dans le trio de tête. «Je voulais ce verdict du peuple», a déclaré Martial Courtet assailli par les médias à son entrée à la salle du Parlement. «Je suis assez optimiste pour le prochain gouvernement, avec ou sans Courtet», a-t-il ajouté.
Durant la campagne électorale, le candidat indépendant a répété qu'il bénéficiait d'un large soutien au sein de la population, ce qui s'est vérifié dans les urnes. Une partie du corps électoral a sans doute aussi voulu envoyer lors de ce 1er tour un signal de défiance envers l'Etat.
A la demande du comité directeur de son parti, le ministre s'était retiré de la liste du Centre après un audit dénonçant sa gestion autoritaire et l'accusant d'avoir instauré un climat de peur dans son Département de la formation, de la culture et des sports. Sa candidature est venue brouiller les cartes de cet enjeu électoral.
Ambitions de l'UDC
L'UDC Fred-Henri Schnegg, ancien député au Grand Conseil bernois a terminé à la 6e place. «Je suis satisfait du résultat» a commenté le frère du conseiller d'Etat bernois Pierre Alain Schnegg, estimant que «cela se présentait assez bien pour le deuxième tour.» Le parti compte bien faire son entrée au sein du Gouvernement, ce qui constituerait une première pour le dernier-né des cantons.
Interrogé sur le résultat de l'indépendant Martial Courtet et sur le manque de cohésion au sein du Gouvernement actuel, Fred-Henri Schnegg a expliqué que le futur exécutif devrait «pouvoir échanger, travailler ensemble et tirer à la même corde».
Outsiders
Candidat du Parti chrétien-social indépendant (PCSI), le maire de la capitale Damien Chappuis occupe une 10e place. Le PCSI ne devrait donc pas être en mesure de conserver son siège laissé vacant par David Eray qui ne représentait pas pour un nouveau mandat.
Le candidat du PLR n'a pas réussi à se classer dans le quintet de tête. En lançant Martin Braichet, le parti espérait faire son retour à l'exécutif cantonal après la démission de Jacques Gerber.
Les chances d'accéder lors du second tour au Gouvernement pour les candidats des autres formations comme les Vert-e-s, CS-POP et gauche en mouvement, les Vert'libéraux ou HelvEthica, mouvement qui a vu le jour au cours de la pandémie, paraissent très faibles. Il n'est d'ailleurs pas certain qu'ils maintiennent leur candidature.
Poids des socialistes à Moutier
Avec l'arrivée de Moutier, le corps électoral jurassien a bondi de près de 10% avec environ 5600 ayants droit, dont plus de 1100 étrangers qui n'avaient pas le droit de vote dans le canton de Berne. La participation dans la Ville de Moutier, qui forme le 4e district jurassien, s'élève à 31,2%, un taux jugé décevant.
L'arrivée de ces nouveaux électeurs a bénéficié au Parti socialiste dont les quatre candidats occupent les premières places. Valentin Zuber termine en tête avec 781 voix devant Rosalie Beuret Siess avec 667 voix, Raphaël Ciocchi avec 488 voix et Sarah Gerster avec 448 voix. Le délai pour le dépôt des candidatures est fixé à mercredi. D'ici là, les partis devront élaborer leur stratégie.