Nous sommes le 9 novembre 1938, quelques heures seulement avant la nuit de Cristal. Adolf Hitler défile à Munich. Maurice Bavaud sort un pistolet pour tuer le «Führer», mais il est gêné par des spectateurs qui font le salut hitlérien. Ce Neuchâtelois aurait pu bouleverser le cours de l'Histoire et empêcher 60 millions de morts.
Pour lui rendre hommage, la Ville de Neuchâtel posera dimanche prochain une plaque à son effigie à la rue du Trésor 7, son lieu de naissance. C'est le troisième lieu commémoratif sur le canton pour saluer le courage de ce jeune homme, alors âgé de 22 ans à l'époque, relate «ArcInfo» ce jeudi 8 mai.
Un portrait «réussi»
Lors de l'inauguration de cette plaque, des extraits de lettres de Maurice Bavaud seront lus. L'effigie est une gravure en relief du visage du jeune homme. D'ailleurs, pour son frère qui est encore vivant, ce portrait est «réussi».
Dans les colonnes du journal neuchâtelois, il n'oublie pas le courage de son frère. «Quand il a compris qu’Adolf Hitler était une menace pour l’humanité, il est parti pour l’Allemagne en sachant qu’il allait mourir», raconte l'homme âgé de 80 ans. Maurice Bavaud était un fervent catholique, qui était «poussé par l'idéal du bien».
Guillotiné en 1941
Mais que s'est-il passé ce jour-là à Munich? Se faisant passer pour un journaliste suisse, le jeune Maurice Bavaud se rend en Allemagne, le cœur et la tête décidés à abattre Adolf Hitler. Une première tentative ratée, car le Neuchâtelois est trop loin du «Führer», gêné par les fanatiques nazis.
Quelques jours plus tard, il retente le coup. Raté. Il décide de rentrer à Paris en train, dans lequel il se fait arrêter faute de billet valable. Il est ensuite remis à la Gestapo qui découvre le pistolet et des documents compromettants. Avouant son intention de tuer le dictateur allemand, qu'il considère comme «un danger pour l'humanité», le Tribunal du peuple le condamne à mort le 18 décembre 1939. Et la Suisse n'a pas levé le petit doigt pour le sauver.
Les derniers mots de Maurice Bavaud, publiée dans le documentaire «Es ist kalt in Brandenburg», ils les adressaient à ses parents: «Cher papa, chère maman, il est 8h, on m’annonce que cette nuit est la dernière. J’étais loin de m’attendre à ce coup, mais j’ai gardé un sang-froid duquel j’augure bien jusqu’à 6h [du matin], moment où ma tête tombera. C’est un moment terrible.» Il sera guillotiné en 1941.