A Lausanne, les demandes des étudiants pour accéder aux logements qui leur sont destinés excèdent largement l'offre. La rentrée 2025 va de nouveau tenir du casse-tête pour beaucoup d'entre eux, même si certaines mesures prises par l'EPFL pourraient aider à contenir l'explosion du nombre de candidats.
«Nous avons eu un taux de remplissage de 100% durant les semestres et nous sommes déjà complets pour la rentrée de septembre 2025, avec 95% de déçus», a fait savoir à Keystone-ATS Eran Shoshani, directeur de la Fondation Solidarité Logement pour les Etudiant-e-s (FSLE), qui dispose d'une centaine de chambres.
Les perspectives sont légèrement plus réjouissantes du côté de la Fondation Maisons pour Etudiants Lausanne (FMEL), qui dispose de 14 maisons offrant quelque 4000 lits. «Nous avons actuellement plus de 2000 demandes», indique son directeur, Yves Ferrari. Même si environ 650 lits vont se libérer en juillet, car le Vortex arrive à la fin d'un cycle, plus de 1300 candidatures seront refusées. «Cela crée beaucoup de frustrations», poursuit l'ex-député des Vert-e-s au Grand Conseil.
Etudes mises en péril
Yves Ferrari estime cependant que la demande est «peut-être un tout petit peu moins forte» cette année, en raison des mesures prises par l'EPFL, consistant à limiter le nombre d'admissions au bachelor et à tripler les taxes d'études pour les étudiants étrangers. En effet, près de 80% des étudiants logés par la FMEL se forment à l'EPFL.
Quoi qu'il en soit, les étudiants vont encore une fois devoir faire preuve de courage et de débrouillardise en début d'année universitaire. «Ils en viennent parfois à louer des trucs horribles chez des privés ou à habiter au camping», explique Yves Ferrari, lequel se dit «très inquiet» pour ces jeunes. «Il est difficile de commencer un cursus dans ces conditions, cela peut mettre en péril leurs études.»
Pour cette raison, la FMEL se montre «bienveillante les premiers mois suivant la rentrée, pour que chacun puisse commencer ses études dans des conditions acceptables», glisse-t-il.
La situation s'aggrave
Déjà tendue depuis de nombreuses années, la question du logement étudiant est loin d'être résolue. «Cette situation s'est encore aggravée avec l'augmentation du nombre d'étudiants, la pénurie persistante de logements vacants et la hausse généralisée des loyers sur le marché libre», analyse Roberto di Capua, responsable de l'unité Politique du logement et de l'habitat de la Ville de Lausanne.
La problématique a par ailleurs des effets collatéraux dans les communes voisines des hautes écoles. «A Chavannes-près-Renens, par exemple, un 4 pièces coûte 2400 francs, soit un prix très abordable pour quatre étudiants en colocation. Mais c'est un problème pour les familles qui ne trouvent plus à se loger», explique Yves Ferrari. «Proposer des logements étudiants, c'est notre façon de contribuer à résoudre la pénurie générale de logements sur l'Arc lémanique», conclut-il.
Plus de 770 lits sur le campus santé
Selon des chiffres officiels, le nombre d'étudiants à l'Université de Lausanne est passé d'un peu plus de 12'000 à près de 17'000, soit une hausse de 40,3% entre 2010 et 2023. Dans le même laps de temps, les étudiants de l'EPFL ont crû de 70,2%, passant d'environ 8000 à 13'600.
Divers projets sont en cours pour augmenter le nombre de logements pour les étudiants. La Ville de Lausanne met notamment à disposition des logements provisoirement vides ou des terrains destinés à la construction de telles habitations. Elle subventionne également des chambres et collabore avec des acteurs comme la FSLE ou la FMEL.
Cette dernière travaille actuellement à faire valider la construction d'une centaine de logements étudiants dans l'écoquartier des Plaines-du-Loup. Elle a également fait construire un bâtiment destiné à loger 776 étudiants, dès septembre 2026, sur le futur Campus Santé à proximité de la Bourdonnette.