Le sexagénaire aurait plongé
«La police a fait le tour des hôpitaux et des pédiatres de la région»

Mercredi, les baigneurs sont de retour en nombre à la piscine des Mélèzes de La Chaux-de-Fonds. La veille, un sexagénaire est décédé des suites d'un choc sous les plongeoirs avec un enfant, actuellement recherché. Des témoins et un spécialiste juridique s'expriment.
Publié: 17:05 heures
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Dernière mise à jour: 18:35 heures
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En ce mercredi 13 août, le plongeoir de la piscine des Mélèzes à La Chaux-de-Fonds a rouvert, le lendemain de la mort d'un homme.
Photo: Léo Michoud / Blick
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Léo MichoudJournaliste Blick

Mercredi après-midi de fin des vacances, la piscine des Mélèzes à La Chaux-de-Fonds est bondée. Les enfants crient et se bousculent sur les plongeoirs, devant plusieurs gardes-bain (surveillants) qui semblent sur le qui-vive. Jusqu'à celui des 10 mètres, tous sont ouverts. Mais quelque chose cloche en ce 13 août: les parents discutent entre eux à voix basse, à l'abri du soleil.

La veille, un sexagénaire est décédé au bord de la piscine. Un enfant lui a atterri dessus dans le bassin, sous les plongeoirs. La victime venait «probablement de sauter du plongeoir quand un jeune garçon s’élançant des 5m lui est tombé dessus», indique la radio neuchâteloise RTN dans son journal du matin.

A l'entrée de la piscine, des baigneurs viennent avec des fleurs, et cherchent où les déposer pour le défunt, qui avait 67 ans. La police cantonale neuchâteloise, aux dernières nouvelles, recherche toujours le garçon «d'une dizaine d'années», «aux cheveux blonds» et qui portait un maillot de bain bleu. Selon diverses sources, il serait parti de la piscine peu après le choc, apparemment accompagné d'une femme.

Des baigneurs de retour en famille

Le garçon a également pu se blesser. «La police a fait le tour des hôpitaux et des pédiatres de la région», indique une source locale bien informée, qui s'interroge. Une maman, présente la veille à la piscine mais qui n'a pas vu le drame, est revenue ce mercredi avec ses enfants malgré les circonstances. «J'ai d'abord pensé à un exercice, témoigne-t-elle pour Blick. Et puis l'ambulance est arrivée et s'est arrêtée juste devant l'entrée. Le bassin a commencé à se vider.»

Sur place, tout le monde n'a pas tout de suite compris l'ordre d'évacuer. Beaucoup sont restés sur la butte qui offre un point de vue sur toute la piscine, curieux de savoir ce qu'il se passait. «Il y avait une personne allongée au bord de la piscine. Les secouristes ont finalement caché le corps avec des linges», détaille la maman, qui a changé de piscine après l'évacuation des Mélèzes.

D'après la source chaux-de-fonnière, qui a discuté avec un employé de la piscine, la victime s'est noyée car elle a – semble-t-il – ouvert la bouche par réflexe au moment de la collision. Le surveillant du bassin aurait alors rapidement sauté pour lui venir en aide. De longues minutes de massage cardiaque ont suivi, avant l'arrivée des secours, mais l'homme est décédé sur les lieux.

Un garde-bain qui a participé aux opérations de réanimation raconte

«L'équipe dont je fais partie était super organisée. Tout le monde a appliqué ce que nous avons appris. Et lorsqu'un collègue a commencé à vomir, un autre a pris le relai. En nous alternant, nous avons fait des cycles de réanimation cardiaque de deux minutes tout en joignant les secours. Pour moi, nous n'avons fait aucune faute.

Il y avait trois ou quatre surveillants autour de ce bassin. Après le choc, il y a eu du renfort. Deux d'entre nous se sont occupés d'évacuer le public et trois ont pris en main la situation, en attendant les secours.

Peut-être que l'adulte n'est même pas au courant de l'implication de l'enfant. Le sauveteur était à son poste. On est en charge de la surveillance, pas de l'éducation des gens.»

«L'équipe dont je fais partie était super organisée. Tout le monde a appliqué ce que nous avons appris. Et lorsqu'un collègue a commencé à vomir, un autre a pris le relai. En nous alternant, nous avons fait des cycles de réanimation cardiaque de deux minutes tout en joignant les secours. Pour moi, nous n'avons fait aucune faute.

Il y avait trois ou quatre surveillants autour de ce bassin. Après le choc, il y a eu du renfort. Deux d'entre nous se sont occupés d'évacuer le public et trois ont pris en main la situation, en attendant les secours.

Peut-être que l'adulte n'est même pas au courant de l'implication de l'enfant. Le sauveteur était à son poste. On est en charge de la surveillance, pas de l'éducation des gens.»

Des suites juridiques?

Concernant les suites juridiques de cet événement, l'avocat chaux-de-fonnier Frédéric Hainard explique que «si le jeune a plus de 10 ans et qu'il tue quelqu'un, il peut légalement se rendre coupable d'homicide par négligence».

Le spécialiste de la justice des mineurs s'empresse de préciser: «Mais en tant que mineur, il ne risque pas grand-chose pénalement. En revanche, une adulte qui partirait avec son enfant en omettant une information cruciale peut être accusée d'avoir fait entrave à l'action pénale et risquer jusqu'à 3 ans de prison. On ne peut donc qu'encourager l'adulte responsable de se rendre à la police au plus vite pour s'expliquer. Si elle le fait aujourd'hui, ou avant que la police ne trouve de qui il s'agit, elle ne risquera rien.»

La police a communiqué ce mercredi. «Les personnes présentes lors des faits ont été entendues par les gendarmes. Le procureur de service a ouvert une instruction pénale afin d’établir les causes et les circonstances de cet accident.» Une équipe de soutien psychologique a été mise en place pour accompagner les baigneurs présents.

Un papa, allongé sur son linge, en haut de la butte, relativise: «Moi, j'essaie de bien surveiller mes enfants. C'est un problème de contrôle, mais avec mille personnes en même temps à la piscine, même en faisant tous les efforts, ça peut arriver.» La veille, peu après le drame, il s'est retrouvé devant les portes fermées de la piscine des Mélèzes.

«Eviter de tomber dans la paranoïa»

Cet événement n'inquiète pas particulièrement la maman, témoin de la veille, sur la sécurité de la piscine. «Forcément, je me suis posé la question. J'ai dit à mon fils d'être tranquille sur le plongeoir. Mais cela fait 40 ans que je viens et, à ma connaissance, cela n'est jamais arrivé. J'ai décidé de revenir le plus vite possible, pour éviter de tomber dans la paranoïa.»

La piscine des Mélèzes a pourtant déjà connu un événement similaire. En août 1999, un autre sexagénaire avait été retrouvé inanimé au fond de la piscine par un baigneur. Le surlendemain, il était mort d’une défaillance cardio-vasculaire. Les médecins n'avaient alors pas pu confirmer que la noyade était la cause du décès. 

Mais l'absence de surveillance au moment de l’accident avait choqué et l'affaire avait eu des répercussions judiciaires. Le président de la Ville, le chef de l’Office des sports et le gardien-chef de la piscine ont finalement été acquittés quelques années plus tard. Devant le tribunal de police, ils comparaissaient pour mise en danger de la vie ou santé d’autrui. Il y avait alors bien eu négligence, selon la justice, mais non exposition intentionnelle au danger.

Revenons au cas actuel: la piscine était-elle tout simplement trop pleine, comme l'ont sous-entendu plusieurs baigneurs? Selon Thierry Brechbühler, conseiller communal à la tête des sports cité mercredi par «Arcinfo», la capacité maximale de la piscine n'a pas été atteinte. Le politicien local UDC estime qu'un «drame» a touché sa commune et félicite ses équipes pour la prise en charge de la situation, notamment sur le plan psychologique.

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