Lauriane Gilliéron, jeune quadragénaire, a déjà vécu deux vies. Aujourd’hui comédienne et productrice, elle a été reine de beauté. Miss Suisse en 2005, elle est arrivée à la troisième place de Miss Univers en 2006. Ses deux carrières ont été riches d’enseignements profonds, que cette native de Prilly (VD) partage avec Blick, en nous livrant ses réflexions sur le bonheur.
Lauriane Gilliéron, qu’est-ce qui vous rend heureuse au quotidien?
Mon chat. Ce n’est que du bonheur, jamais une corvée. J’en ai eu trois, et là plus qu’une. Elle est très autonome et ne demande pas beaucoup de travail. Quand je rentre, elle est très contente de me voir, mais elle s’est autogérée toute la journée; ce n’est que du positif.
Avez-vous une définition personnelle du bonheur? A-t-elle évolué avec le temps?
De plus en plus, ma définition du bonheur, c’est d’être en paix. Les moments de satisfaction extérieurs, cela va et vient, et cela dépend des circonstances. Mais la paix intérieure, cela aide au bonheur, quelles que soient les circonstances externes.
La paix, plutôt que la passion?
L’adrénaline, le plaisir, l’excitation, c’est une chose, mais le vrai bonheur vient des gens à qui je fais confiance, de mon chat, des marches dans la forêt qu’on peut prendre pour acquises, mais qui peuvent être vitales à notre bien-être intérieur. Vu le monde dans lequel on vit, et vu mon métier, qui est très incertain, oui, il faut un certain calme pour contrebalancer cette vie imprévisible. Il faut trouver des choses qui nous apaisent. Je suis hypersensible et par les temps qui courent, il est difficile de trouver la paix quand on sort de chez soi.
Quel est, selon vous, le plus grand malentendu autour du bonheur?
Le plus gros malentendu, c’est de croire que notre bonheur est créé par quelqu’un d’autre. Les gens vont et viennent dans ma vie, ils décident de partir, ou ils nous quittent parce qu’ils meurent. Les autres peuvent contribuer à notre bonheur, mais on ne peut pas faire reposer notre bonheur sur quelqu’un, car on sera blessé un jour ou l’autre. Le bonheur ne doit résulter que de soi et de ce que ce qu’on peut créer soi-même. Cela dit, je suis humaine, et il n’est pas facile de m’y tenir tous les jours. On est toujours rattrapés par l’envie de voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Je me rappelle ce principe, et parfois ça marche, parfois pas.
Y a-t-il un moment de votre vie où vous avez touché du doigt le bonheur absolu?
Non, je ne pense pas. J’ai eu des instants d’euphorie, de fierté, de joie absolue, de pure beauté. Mais je ne sais pas si, en tant qu’éternelle perfectionniste, on peut atteindre le bonheur absolu. Nos accomplissements nous procurent des émotions fortes; mais c’est éphémère, il y a la suite, et c’est un engrenage sans fin. C’est pourquoi j’essaie de trouver le bonheur dans les choses simples. Le jour où j’ai pris ma nièce dans les bras pour la première fois, voilà un moment de pur bonheur, c’était magique.
Et le bonheur au niveau sentimental?
Je n’ai jamais été mariée, j’ai toujours eu une vie sentimentale un peu compliquée, les contes de fée pour moi, c’est quelque chose qu’on voit dans les films. Mais j’ai quelqu’un de génial dans ma vie et je vis des moments forts, mais par peur de la déception, je ne me laisse pas toujours emporter par l’euphorie du moment. Ou plutôt si: je me laisse emporter, mais tout en me disant que c’est peut-être passager.
Le bonheur se cultive-t-il, ou survient-il par surprise?
C’est un mix des deux. «Si on veut faire sourire Dieu, on lui dit quels sont nos plans», dit un proverbe. Le bonheur se cultive par le fait de se former une bulle de protection qui nous fait du bien, en s’entourant des choses qu’on aime. Et aussi par le fait de laisser entrer les instants de bonheur que les gens nous apportent, les rencontres, les réussites. Sans se blinder, car ce serait dommage.
Qu’est-ce que vous avez cessé de faire pour être plus heureuse?
J’ai cessé d’essayer d’être parfaite. Mais j’ai des hauts et des bas, car la nature revient au galop. J’essaie de ne plus viser la perfection, que ce soit physiquement, ou en essayant de plaire à tout le monde. Surtout avec le parcours que j’ai, on peut être tentée d’incarner toujours un idéal physique et de réussite, et on veut que cela dure, mais il est épuisant de vouloir maintenir tout cela.
Quelle place tient la solitude dans votre quête du bonheur?
Une grande place, je suis quelqu’un de solitaire, j’ai besoin d’être seule, qu’on me laisse de temps en temps en paix. J’ai besoin d’aller marcher, de me recentrer, de recharger mes batteries. Cela me permet de tout donner aux personnes qui m’entourent quand je suis avec elles, puis d’aller me ressourcer. Je ne suis pas psychologue, mais je pense qu’il est sain de pouvoir être seule. De ne pas en avoir peur.
Avez-vous une habitude, un rituel qui vous aide à approcher le bonheur?
J’adore faire de longues marches dans la forêt, je prends mon téléphone et rien d’autre, pour écouter de la musique. Je pars marcher et je me laisse porter, je n’ai pas de plan. En été, les randonnées dans la montagne, c’est magique. C’est comme une méditation. Etre au milieu de la nature, cela aide énormément à réfléchir à sa vie, à résoudre des problèmes et même à avoir d’incroyables idées artistiques.
Quel livre a changé votre manière de penser le bonheur?
Un livre m’a beaucoup marquée: «All the light we cannot see», un roman d’Anthony Doerr. C’est magnifiquement écrit et cela attire notre attention sur toutes les belles choses qui peuvent exister dans les moments les plus sombres. Les descriptions, la poésie m’ont beaucoup touchée. J’essaie moi aussi de voir, surtout dans les moments compliqués, toute la lumière qu’il y a dans tout, les nombreuses facettes d’une situation, la vérité de pourquoi cela arrive.
Si vous pouviez offrir une seule clé du bonheur aux lecteurs, laquelle serait-elle?
Les gens qui me connaissent le savent, la nature et les animaux sont pour moi une source inépuisable de bonheur. Il y a une pureté et un non-jugement qui font que cela nous calme et nous apaise. Je conseillerais donc aux lectrices et lecteurs de se reconnecter un peu plus avec la nature et les animaux.