Roi des lunettes
Marc Fielmann révèle sa recette pour mener l'entreprise de son père vers les sommets

Marc Fielmann fait fructifier l'empire de la lunette créé par son père. Dans une interview avec Blick, le jeune multimilliardaire allemand révèle comment il continue dans les pas de son père, et révèle aussi ce qu'il fait différemment de son célèbre paternel.
Publié: 07.06.2025 à 16:45 heures
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Le roi des lunettes Marc Fielmann explique ...
Photo: Philippe Rossier
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Christian Kolbe et Philippe Rossier

Lorsque le roi des lunettes et multimilliardaire Marc Fielmann voyage, il visite les filiales de Fielmann. C'est ce qu'il fera ce vendredi et samedi, après son intervention au Swiss Economic Forum (SEF) à Interlaken (BE) où il abordera les changements générationnels au sein de son entreprise familial. Il se rendra dans une demi-douzaine de succursales en Suisse.

Blick : Marc Fielmann, lorsque vous serez sur place, aiderez-vous les collaborateurs Fielmann à vendre des lunettes?
Marc Fielmann :
Cela dépend de l'affluence dans le magasin. S'il y a moins de monde, je préfère discuter avec mes collègues. Mais s'il y a beaucoup de clients, je donne volontiers un coup de main.

Comment réagissent les clients lorsque le chef les conseille personnellement?
La plupart sont ravis mais beaucoup n'osent pas me poser la fameuse question. Ce n'est que lorsque j'ai fini de conseiller le client qu'il me demande enfin «Il y a écrit Fielmann sur votre badge, êtes-vous le chef en personne?»

«Earn it» est la devise du SEF. Avez-vous vraiment mérité votre succès ou avez-vous simplement hérité d'une bonne affaire de votre père?
En fait, vous devriez poser cette question à d'autres. Ces dernières années, nous avons créé des emplois supplémentaires, payé plus d'impôts et développé notre engagement social.

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Nous avons déjà investi 50 millions de francs au cours des dernières années. Nous allons continuer à investir à moyen terme et ouvrir dix nouveaux sites en Suisse
Marc Fielmann
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Quelle est la recette du succès pour obtenir un changement de génération réussi?
Il faut continuer à nourrir les bonnes choses tout en changeant ce qui fonctionne moins bien.

A savoir?
Lorsque j'ai hérité de l'entreprise familiale, nos 300 collaborateurs rendaient personnellement compte à mon père. J'y ai immédiatement mis fin, car cela ne correspond pas à mon style de management. Aujourd'hui, j'ai moins de dix rapports directs. Je mise sur la liberté et la responsabilité. Je délègue nettement plus. Mais j'attends des cadres qu'ils assument leurs responsabilités lorsqu'ils prennent des décisions importantes.

Y a-t-il eu des résistances lorsque vous, le petit jeunot, êtes soudain devenu le chef qui voulait tout changer?
Non, j'ai bénéficié d'une grande confiance de la part du personnel. Mais ça signifie aussi que je devais être à la hauteur des attentes des autres, ce qui a créé une grande pression chez moi. Je ne suis pas du genre à souligner en permanence qui a le pouvoir de décision finale. En même temps, les collaborateurs apprécient le fait que ce ne soit pas un comité anonyme qui préside l'entreprise, mais un entrepreneur familial tangible.

Le nom Fielmann était-il un fardeau auparavant?
Il était aussi un luxe, vous pouvez par exemple obtenir une meilleure table au restaurant. Mais parfois, les gens me traitent soit trop gentiment soit pas assez. C'est pourquoi lorsque j'étais à Londres pour mes études, j'ai apprécié n'être «que» Marc.

L'année dernière, Forbes vous a classé parmi les personnes les plus riches du monde, avec une fortune deux fois plus importante que celle de la superstar Taylor Swift.
Ma fortune est en grande partie liée au groupe Fielmann. Pour moi, elle reflète la performance de notre entreprise et de nos collaborateurs.

Faites-vous partie des Swifties?
Non. Je n'ai jamais assisté à un de ses concerts, mais il m'arrive d'écouter ses chansons et donc de contribuer un peu à sa fortune (rires).

A-t-elle déjà acheté des lunettes chez Fielmann?
Je ne sais pas. Nous avons de nombreux clients célèbres, mais nous n'avons pas une liste précise.

Lorsque Fielmann est arrivé en Suisse en 1996, le Blick a titré: «Des prix pointus». Qu'est-ce qui est pointu aujourd'hui chez Fielmann?
Nos prix sont toujours aussi pointus. En Suisse comme en Allemagne, une paire de lunettes sur deux vient de Fielmann. Pourtant, en termes de chiffre d'affaires, notre part de marché ne représente qu'un cinquième. Cela montre combien nous sommes bon marché et la quantité de lunettes que nous vendons. Depuis peu, tout le secteur de la prévention oculaire est devenu très pointu. Chez nous, vous pouvez faire effectuer des mesures oculaires par des opticiens certifiés. Nous envoyons ensuite les données à des ophtalmologues suisses. Ceux-ci évaluent la santé de vos yeux pour voir si tout va bien ou si vous devriez consulter un ophtalmologue.

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La clientèle suisse est très exigeante et apprécie la meilleure qualité
Marc Fielmann
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Quels sont les avantages?
De nombreuses maladies oculaires passent inaperçues au début, parce que vous n'avez pas de symptômes. Mais les maladies détectées à temps peuvent être bien soignées, ou voir leurs conséquences fortement retardées.

En quoi le client suisse se distingue-t-il du client allemand?
J'ai gagné mes galons à la succursale de la Bahnhofstrasse à Zurich. Je sais donc que la clientèle suisse est très exigeante et qu'elle apprécie une meilleure qualité. Fielmann compte d'ailleurs 47 succursales en Suisse.

Y a-t-il d'autres projets d'expansion?
Nous avons déjà investi 50 millions de francs au cours des dernières années. Nous allons continuer à investir à moyen terme et ouvrir dix nouveaux sites en Suisse.

Où cela se fera-t-il?
Dans des villes de taille petite et moyenne. Interlaken est un bon exemple. Nous y avons ouvert une nouvelle succursale en décembre dernier. En tant qu'opticiens, nous voulons être proches de nos clients.

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