Le week-end dernier, un groupe de 25 randonneurs vêtus d'uniformes de la Wehrmacht des années 30 et 40 a défrayé la chronique. Choqués, d'autres randonneurs ont alerté la police.
La police cantonale bernoise a ordonné aux hommes d'enlever leur uniforme à titre préventif: «Nous voulions éviter des altercations avec des tiers.» Elle considère l'exhibition de tels symboles comme un danger pour la sécurité et l'ordre publics. Il n'y aura toutefois pas de conséquences pénales, car les symboles nationaux-socialistes ne sont pas interdits en Suisse.
Mais cela pourrait bientôt changer: le conseiller fédéral en charge du dossier, Beat Jans, veut interdire les symboles nazis comme la croix gammée ou le salut hitlérien. Déjà en 2024, il avait annoncé que les contrevenants pouvaient s'exposer à une amende de 200 francs. Cette décision fait notamment suite à une intervention de la conseillère aux Etats du Centre, Marianne Binder-Keller.
Les symboles tels que les codes numériques «18» ou «88» – des références chiffrées à «Adolf Hitler» et «Heil Hitler» – devraient aussi être interdits. Dans ce cas-là, l'interprétation contextuelle serait déterminante. «Seraient non seulement concernés les objets, mais aussi les gestes ou les salutations.» Des exceptions seraient prévues pour les activités scolaires, scientifiques, artistiques ou journalistiques. «Dans les limites de la liberté d'expression, les symboles pourraient continuer à être montrés», précise le Conseil fédéral.
L'UDC contre une interdiction
La consultation, dans laquelle les partis et les cantons ont pu s'exprimer sur le projet, est actuellement en cours d'évaluation. L'Union démocratique du centre (UDC) s'oppose à cette interdiction, craignant une atteinte à la liberté d'expression.
En revanche, plusieurs conseillers d'Etat – notamment en Argovie – ont critiqué la peine maximale encourue, la jugeant trop faible. Plusieurs cantons réclament des amendes pouvant aller jusqu'à 10'000 francs, surtout pour les récidivistes. «Cet incident montre à quel point la mise en œuvre est urgente et à quel point certains cercles sont aujourd'hui oublieux de l'histoire», déclare Marianne Binder-Keller à Blick. Elle espère que l'interdiction sera soumise au Parlement cette année. Elle milite même pour une sanction plus sévère: «Une amende doit faire mal de manière perceptible, sinon elle rate sa cible.»
Les randonneurs ne veulent pas être des nazis
Interrogé sur cette affaire, Dirk Baier, spécialiste de l'extrémisme à la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), ne mâche pas ses mots: «C'est répugnant que des personnes viennent en Suisse pour y faire des randonnées en se déguisant en nazis», déclare-t-il au «Tages-Anzeiger».
Entre-temps, le groupe de randonneurs s'est défendu en rejetant fermement les accusations. «Toute tentative de nous associer au nazisme est à la fois fausse et insultante», a-t-il déclaré dans un communiqué de presse. La raison pour laquelle ils ont arboré des croix gammées reste toutefois inexpliquée.