«Aujourd'hui, je décide de sortir du cercle de la violence», déclare Judith Chemla jeudi 26 janvier, sur le plateau de Quotidien. Dans son livre «Notre silence nous a laissées seules», l'actrice française révélée dans «Camille Redouble», de Noémie Lvovsky, dénonce les comportements violents de deux ex-compagnons.
Le journal «Le Monde» partageait jeudi des extraits du livre et des confessions de Judith Chemla. Elle n'y nomme pas les deux pères de ses deux enfants, tous deux hommes de théâtre et de cinéma, autrement que par «le prince» et «le loup». Mais le quotidien français reconnaît Yohan Manca, réalisateur de «Mes frères et moi» et l'acteur lausannois James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin, apparu aux côtés d'Omar Sy dans «Chocolat».
Emprise violente à deux reprises?
Les actes du premier étaient déjà connus. Il avait été condamné pour violences conjugales en 2022, après que Judith Chemla avait posté des photos de son visage tuméfié sur Instagram, mettant clairement en cause Yohan Manca. Mais pour l'acteur et metteur en scène romand renommé, de la lignée de la star américaine, c'est une révélation.
Dans son livre autobiographique, paru jeudi 25 janvier, l’actrice et autrice décrit et analyse l'emprise vécue à deux reprises. Elle raconte avoir déjà subi, il y a dix ans, la violence de James Thierrée, père de son premier enfant.
Le Suisse, auteur d'un seul en scène remarqué et acrobate, nie les descriptions faites de sa relation avec Judith Chemla. «Je ne m’explique pas ces accusations, que je conteste fermement et qui me bouleversent, a-t-il déclaré au «Monde». Nous avons connu des moments de tension, d’incompréhension et de tristesse mais jamais je n’ai commis de violences, quelles qu’elles soient, à l’encontre de Judith Chemla.»
Morceaux choisis
Les «bonnes feuilles» dévoilées par nos confrères français recèlent plusieurs passages de violences verbales et physiques infligées par «le prince», notamment alors que Judith Chemla était enceinte.
- «Les mots pleuvent comme des coups ; le ton est mordant, offensif, volontairement blessant. Il y a beaucoup de pleurs ce jour-là entre les premiers cris. Je n’ai pas la présence d’esprit de lui demander si des choses graves se sont produites avec son père. Sans doute s’est-il senti trahi, terriblement blessé et agressé pour me traiter comme ça. J’avais osé défendre son père et il m’attaquait en retour comme si j’avais voulu le démolir, et le terrasser, lui.»
- «Un soir, alors que nous nous apprêtons à dîner l’un à côté de l’autre dans le grand appartement qu’il a acheté peu de temps après notre rencontre, une dispute sourd, de plus en plus pressante – je ne sais plus pourquoi. Je finis de mettre le couvert dans la cuisine. Il est tout près de moi. Je dois sûrement tenter de maintenir ma position sur le sujet de notre discorde, quand il saisit brusquement l’assiette devant lui. Il la lève à hauteur d’épaule et la projette violemment sur la grande table en bois. A quelques centimètres de moi. L’assiette explose. Un éclat de céramique me blesse au-dessus de l’œil. Des gouttes de sang perlent dans le silence.»
- «Nous nous disons au revoir en arrivant devant l’hôtel, et je monte dans la chambre avec le prince. Les reproches déferlent : je n’ai pas fait suffisamment d’efforts pour parler avec les Danois, mon comportement est insupportable, je n’ai quasiment échangé qu’avec son ami producteur, et ça le met en fureur. Je suis trop fatiguée pour résister à ses assauts. Je n’ai pas la force d’argumenter ; j’essaie au début mais ça ne fait qu’empirer sa colère. Je m’excuse, tout en continuant à subir ses reproches. Ça dure longtemps avant que nous ne puissions dormir. Mes larmes coulent en silence. La gorge serrée, la tristesse et l’injustice dans la trachée, j’ai du mal à avaler la tempête qu’il vient de déchaîner.»
- «Je me mets à crier ; il ne peut pas me traiter comme ça, il faut qu’il l’entende ! Soudain deux énormes baffes. Aller et retour. Je reste immobile dans la chambre d’hôtel. Quelque chose en moi déserte. Je m’absente. Je sens le bébé se retourner dans mon ventre. Il n’y est pas allé de main morte. [...] Tellement efficace une bonne volée. C’est sûr que ça calme. Deux bonnes grosses beignes. Ça remet tout à plat. On n’entend plus une mouche après ça.»