Quel est le salaire suffisant pour vivre? Le débat tourne au vinaigre depuis que Blick a rendu publique une déclaration explosive du directeur de l'Union patronale suisse. «Un salaire qui couvre les besoins vitaux n'est pas la tâche des employeurs», avait déclaré Roland A. Müller lors d'une audition de la commission économique du Conseil national.
Selon le directeur de l'Union patronale suisse, si le salaire est insuffisant, c'est à l'aide sociale de prendre le relais. C'est toujours mieux et moins cher que si quelqu'un n'a pas de travail. Avec sa déclaration, Roland A. Müller a suscité l'indignation.
Une décision lourde de conséquences
Cette semaine, le Conseil national doit prendre une première décision importante au sujet d'un éventuel salaire minimum. La chambre basse du Parlement décidera en effet si les salaires minimums cantonaux pourront être contournés à l'avenir. Les députés discuteront d'une intervention, selon laquelle cela devrait être rendu possible lorsqu'il existe une convention collective de travail dans une branche. Les salaires pourraient alors être inférieurs aux salaires minimaux cantonaux.
En chiffres, cela peut signifier une baisse de plus de 300 francs par mois dans certains secteurs. En effet, cinq cantons utilisent le système des salaires minimaux et trois villes veulent encore les introduire. Ces salaires minimaux se situent aux alentours de 4000 francs. Dans différentes branches, les salaires minimums fixés dans les conventions collectives de travail sont un peu plus bas. Chez les coiffeuses, les salaires les plus bas sont de 3650 francs, dans l'hôtellerie-restauration, les personnes non qualifiées touchent environ 3700 francs.
Moins de salaires ou moins d'emplois?
Si le projet venait à passer au Conseil des Etats après le Conseil national, «des milliers de personnes dans les régions frontalières et dans les villes verraient leur salaire baisser jusqu'à 600 francs», prévient Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse, dans un débat publié dans la SonntagsZeitung. «Tant que l'on n'obligera pas les entrepreneurs à payer plus de 4000 francs, il y en aura toujours qui paieront moins.»
Le directeur de l'Union patronale suisse, Roland A. Müller, souligne en revanche qu'il n'a jamais appelé à payer de bas salaires. Mais il existe simplement des branches «où les entreprises ne gagnent pas assez pour payer des salaires plus élevés». Les secteurs du nettoyage à sec, des centres de bien-être ou des pompes funèbres en font partie. «Si ces emplois n'existent plus, ces services disparaîtront. Mais bien sûr, l'objectif reste que cela concerne une très petite minorité et que les salaires augmentent globalement.»
Cette décision concernerait environ 2% de tous les employés. Toutefois, le fait que les chiffres de conventions collectives de travail sont inférieurs aux salaires minimums cantonaux comporte un risque important. On risque de perdre des places de formation comme des stages, explique Roland A. Müller.