Le Parlement veut, selon l'Union syndicale suisse, réduire les salaires par voie législative, au détriment de milliers de travailleurs dans les branches à bas salaires. L'USS combattra par tous les moyens cette loi si elle est acceptée par le Parlement, a-t-elle averti mardi devant la presse à Berne.
L'affaire remonte à l'adoption par le Parlement en 2022 d'une motion d'Erich Ettlin (Le Centre/ OW) demandant que là où elles existent, les conventions collectives de travail (CCT) étendues l'emportent sur les règles cantonales en matière de salaire minimal. Suite à cela, les Chambres se penchent désormais sur la concrétisation du projet.
En avril, la commission compétente du Conseil National a soutenu le projet du Conseil fédéral, que ce dernier a élaboré à contre-coeur sur mandat du Parlement.
Si le Parlement adopte le projet de loi, des milliers de travailleurs au salaire minimum perdront un revenu leur permettant de subvenir à leurs besoins, estime l'USS. Beaucoup dépendraient alors des prestations complémentaires ou de l'aide sociale. La collectivité paierait la note. L'USS entend combattre de toutes ses forces ce projet qu'elle juge antisocial et antidémocratique.
Cantons romands vent debout
Les cantons romands se mobilisent également pour sauver leurs salaires minimaux. Début avril, la Conférence des gouvernements de Suisse occidentale (CGSO), qui regroupe aussi Berne, a fait savoir que le projet est «une atteinte à l'autonomie des cantons et au fédéralisme» et qu'il «ignore la volonté des citoyens de Suisse occidentale».
Cinq cantons ont déjà introduit le salaire minimum. Il s'agit de Genève, de Neuchâtel, du Jura, de Bâle-Ville et du Tessin. Deux initiatives vaudoises demandant un plancher horaire à 23 francs ont abouti. Une initiative a en outre été déposée dans le canton de Fribourg. Des salaires minimaux ont également été adoptés dans les villes de Zurich, Winterthour et Lucerne.
Antidémocratique
Prenant l'exemple de Genève, le président de l'USS Pierre-Yves Maillard demande: «Quelle justification y a-t-il à annuler par une loi fédérale le vote du peuple de ce canton? Qui est gêné à Obwald, à Zoug ou à Zurich par le salaire minimum voté par le peuple à Genève?».
Le Vaudois donne la réponse: «Personne, absolument personne. Un principe fondamental de notre démocratie suisse, c’est le fédéralisme. C’est de laisser au niveau le plus proche du citoyen les décisions qui ne portent aucun préjudice aux autres Confédérés».