Le Ministère public de la Confédération (MPC) a formellement inculpé un homme de 36 ans, originaire du Kosovo, arrêté en Suisse en 2022. Il est accusé d’avoir dirigé la branche suisse d’un groupe terroriste kosovar. Cet individu est en détention depuis le 1er septembre 2022, en exécution anticipée de peine. Il est aussi soupçonné d'avoir été membre du comité de direction de l'organisation terroriste au Kosovo, annonce lundi le MPC dans un communiqué.
Avec le soutien d'un deuxième prévenu, un double national suisse et nord-macédonien de 33 ans également en détention, le prévenu aurait déployé des activités d'endoctrinement, de financement et de recrutement de nouveaux membres pour le compte de cette organisation terroriste, principalement dans la région genevoise. Les prévenus sont également soupçonnés d'avoir propagé et soutenu l'idéologie de l'organisation terroriste «Etat islamique».
Instaurer la Charia
L'organisation terroriste au centre de la procédure a été fondée à la suite de la fermeture, courant 2014-2015, de l'association «Këshilla» par les autorités kosovares. Elle a notamment pour but de profiter d'une déstabilisation de l'Etat kosovar pour prendre les armes et le pouvoir sur une région définie et d'y instaurer un Etat islamique, dirigé par la Charia, pour le compte de l'Etat islamique.
Dès 2014-2015, divers hommes albanophones, dont les deux prévenus, se regroupent autour d'une idéologie salafo-djihadiste. Dès juin 2015, le premier prévenu est élu Emir de ce groupe qui devient l'antenne suisse de l'organisation terroriste kosovare.
Cette antenne a déployé dans la région genevoise des activités de recrutement et de propagande. Dès 2016, elle se concentre principalement sur le financement de l'organisation terroriste, et ce à hauteur d'un montant total oscillant entre minimum 64'770 et 77’870 euros, précise le MPC.
Le ressortissant kosovar a collecté de l'argent auprès des membres de l'antenne de Genève, dont son coprévenu, et fait acheminer les sommes ainsi récoltées au Kosovo dans le but de financer les diverses activités de l'organisation terroriste. Dans le même contexte, ils ont financé la corruption d'agents publics étrangers en charge de poursuites pénales diligentées contre des membres de l'organisation terroriste et pour permettre à un autre d'entre eux de fuir de telles poursuites. La présomption d'innocence s'applique jusqu'à l'entrée en force du jugement à intervenir, rappelle le MPC.