Dans l'Oberland bernois, les choses sont plus sauvages qu'au Palais fédéral: un lynx se nourrit de moutons – et tout soudain, les grands noms de l'Union démocratique du centre (UDC) sont pris d'une fièvre de chasse. Sur l'alpage d'Ueschinen, au-dessus de Kandersteg, le mâle B903 s'est déjà servi plusieurs fois, en août, au buffet alpin.
Les moutons tués appartiendraient au conseiller national UDC Ernst Wandfluh. Le président de la coopérative d'alpage n'est autre que Hans Rösti, ancien député UDC et frère du conseiller fédéral Albert Rösti.
Le conseiller national UDC Thomas Knutti était déjà actif à ce moment-là. Après plusieurs morsures datant de fin juin sur l'alpage de Tschingel, l'élu a exigé – dans une lettre ouverte au conseiller d'Etat socialiste Christoph Ammann – l'abattage du «lynx à problèmes». Le tout en critiquant et en remettant publiquement en cause l'inspectrice de la chasse.
Le gouvernement bernois contre-attaque
Christoph Ammann a refusé d'adhérer à la requête du conseiller national UDC, dans la mesure où le seuil pour le tir d'un lynx protégé – soit 15 animaux de rente morts par an dans un rayon de 5 kilomètres – n'était clairement pas atteint. Il estime également qu'il est «extrêmement douteux» que des élus exercent de telles pressions, publiquement, pour contourner des lois, des ordonnances et des concepts fédéraux «ou les interpréter en faveur de certains groupes d'intérêts».
Malgré cela, le lynx pourra être abattu: cela a été accepté il y a une dizaine de jours. Même si la barre des 15 n'a pas été atteinte, le canton considère que la seule solution est de l'éliminer.
Pour cela, il fallait une autorisation exceptionnelle de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), c'est-à-dire du département d'Albert Rösti. Interrogé à ce sujet, le conseiller fédéral est resté silencieux.
«La protection du lynx est affaiblie»
Pour l'écologiste David Gerke, cette situation est alarmante. Ce «oui» de l'OFEV envoie un signal clair et affaiblit considérablement la protection du lynx en Suisse. «Pourquoi a-t-on encore besoin d'une limite de dégâts de 15 proies, alors que quelques animaux morts sur des alpages non protégés suffisent pour obtenir une autorisation exceptionnelle?», demande le directeur du Groupe Loup Suisse.
Les obstacles pour arrêter B903 étaient en effet bien bas: aucun des alpages concernés n'était protégé, la protection des troupeaux étant considérée comme «inacceptable» pour ces éleveurs.