Montagne de dettes
Avec sa guerre commerciale, Trump pèse sur les entreprises suisses

Les entreprises suisses devront rembourser ou contracter des dettes à hauteur de 133 milliards de francs dans les prochaines années, comme le montre une étude récente. Certaines firmes doivent s'attendre à des primes de risque lors du rachat de leurs dettes.
Publié: 28.05.2025 à 12:14 heures
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L'endettement des entreprises suisses est élevé.
Photo: Keystone
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Martin Schmidt

Ces deux records sont loin d'être réjouissants: le nombre de faillites d'entreprises en Suisse n'a jamais été aussi élevé, tandis que leurs dettes atteignent des sommets inégalés. Et pour ne rien arranger, certaines dettes arriveront à échéance dans les prochaines années.

Concrètement, les entreprises suisses devront rembourser ou contracter des dettes à hauteur de 133 milliards de francs entre 2025 et 2029, comme le montre le dernier Debt Report de la société de conseil Alixpartners. Les auteurs de l'étude ont exclu de leur évaluation le secteur immobilier et la place financière.

Le conflit douanier détériore les conditions de crédit

Le moment était censé être propice pour contracter de nouvelles dettes en Suisse. Car les taux d'intérêt ont nettement baissé dans notre pays. Et cela, «même sur le marché suisse des capitaux où les entreprises peuvent se refinancer», explique Fredy Hasenmaile, économiste en chef de Raiffeisen Suisse.

Sauf que le président américain Donald Trump a tout bouleversé en déclenchant un conflit douanier mondial, détériorant d'un coup les conditions économiques. «Pour les entreprises orientées vers l'exportation en particulier, les chiffres d'affaires et les bénéfices sont ainsi mis sous pression», explique Fredy Hasenmaile. Car l'incertitude est un poison pour l'économie. Les commandes des entreprises tech ont diminué, et la récession se poursuit non seulement dans l'industrie mondiale, mais aussi en Suisse. «Avec les droits de douane, la reprise espérée est une fois de plus repoussée», affirme l'économiste.

Pour les entreprises dont le chiffre d'affaires et les bénéfices sont en baisse, le refinancement des dettes peut devenir plus coûteux. Selon Alixpartners, cela touche particulièrement les entreprises qui dépendent principalement des exportations et qui livrent beaucoup de biens aux Etats-Unis. «Le bailleur de fonds veut être dédommagé pour le risque qu'il prend. Pour certaines entreprises, les crédits seront certainement plus chers en raison des primes de risque», explique Fredy Hasenmaile. Cela pourrait justement toucher les entreprises des secteurs en difficulté de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium. Mais l'économiste de Raiffeisen nuance un peu la situation: étant donné que le niveau des taux d'intérêt a généralement baissé, la charge du crédit ne doit pas nécessairement augmenter pour les entreprises concernées.

Le nombre de faillites va-t-il augmenter?

Les auteurs de l'étude sont toutefois convaincus que le refinancement des petites et moyennes entreprises sans accès au marché des capitaux sera plus difficile dans ce contexte économique incertain. De plus, la charge d'intérêts moyenne des entreprises augmente du simple fait que leur endettement global augmente. «Si une entreprise croît au même rythme, elle peut le supporter», explique Fredy Hasenmaile.

La situation devient problématique lorsque les bénéfices diminuent alors que les dettes s'accumulent de plus en plus. Selon Alixpartners, un endettement élevé, des coûts croissants et un affaiblissement de la consommation sont déjà le moteur des faillites d'entreprises records en Suisse. L'expert ne s'attend cependant pas à une augmentation soudaine, malgré cette période instable. «Beaucoup de faillites actuelles sont encore des séquelles de la pandémie de Covid-19. La situation actuelle entraîne probablement un peu plus de faillites dans des domaines comme l'industrie.» Mais l'économie suisse est généralement robuste et arrive à s'adapter face aux changements.

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