L’ambiance est déjà festive, tôt le matin, sur le marché de Noël de la Waisenhausplatz de Berne. Des dizaines de stands permettent aux visiteurs de trouver tous les mets dont ils ont besoin.
Et le chocolat en fait bien entendue partie. A son stand, la trentenaire Manuela Waldspurger vend, depuis deux ans, des truffes, du croquant et des chocolats faits maison. Cette mère de trois enfants, originaire de Spiegel, près de Berne, sert les clients sans relâche.
«Je ne suis pas très esprit de Noël», glisse-t-elle en travaillant. Et pour cause. A seulement 39 ans, Manuela Waldspurger est atteinte d’un cancer des ganglions lymphatiques et se bat pour sa vie.
Deuxième coup du sort en deux ans
La nouvelle est tombée quelques semaines plus tôt. «J’ai des tumeurs à plusieurs endroits», explique-t-elle calmement. «Elles sont clairement visibles sur la dernière IRM.»
Un choc d’autant plus cruel qu’il ne s’agit pas de son premier coup du sort. Il y a deux ans, elle avait déjà été diagnostiquée d’un cancer du col de l’utérus, lié au papillomavirus humain (HPV). «Je ne peux que conseiller aux parents de faire vacciner leurs enfants contre le HPV», insiste-t-elle, bien qu’elle se montre habituellement critique envers les vaccins.
Elle s’était alors résolue à subir une opération avec ablation de l’utérus. «On nous avait dit que le cancer était vaincu.»
Une annonce «très limite»
Manuela Waldspurger a alors repris le cours de sa vie. Jusqu’à ce que celle-ci bascule une nouvelle fois au début du mois de novembre dernier. «Lors d’un contrôle, on a découvert que les ganglions étaient atteints. J’ai perdu pied», raconte-t-elle. D’autant plus difficile à encaisser que l’annonce lui a été faite par téléphone. «Sur le plan humain, c’était très limite», déplore-t-elle.
Les médecins lui ont immédiatement proposé de subir une chimiothérapie, une radiothérapie ainsi qu’une nouvelle opération. «Mieux vaut le faire le plus vite possible», dit-elle. En parallèle, elle se renseigne de son côté sur divers traitements alternatifs.
Seulement deux options pour le futur
Malgré cette terrible nouvelle, Manuela Waldspurger n’a pas renoncé à ses perspectives. «Je me bats pour mon avenir, mais je ne sais pas si je vais gagner», confie-t-elle. Seules deux options s’offrent à elles pour la suite: la survie, ou la fin. Une réalité qui l’a poussée à réfléchir en profondeur à la question de la mort. «J’en ai aussi parlé avec mes enfants», dit-elle.
Malgré tout, Manuela Waldspurger reste portée par l’espoir et l’optimisme. «Mon mari et moi voulons bientôt nous expatrier avec les enfants, dans un endroit où il fait chaud», explique-t-elle, les yeux scintillants. La mer et le beau temps, ça nous fait rêver.»
La positivité, premier médicament
Face à la maladie, elle refuse de baisser les bras. «Je pense positivement et j’essaie de tirer le meilleur de ma situation. Le reste ne m’aide pas à guérir.» A ce titre, son travail sur le marché de Noël lui fait beaucoup de bien. «Je n’y arriverais pas si je restais assise à la maison sans rien faire. Ici, en travaillant, j’oublie mes soucis quelques instants», raconte-t-elle, entre deux dégustations. «Sur le marché, je n’ai pas le temps d’avoir peur de mourir.»
Mais ce sont surtout ses proches qui l’aident à aller de l’avant. «Je suis entourée de gens formidables, toujours prêts à m’aider. C’est un immense cadeau. Une simple discussion me fait déjà tellement de bien.»
Savourer le présent
Famille, autres exposants, et même des amis à la police: sur le marché, cette mère de trois enfants s’appuie sur un solide réseau. «Cela me donne la force de regarder devant moi. Je leur en suis infiniment reconnaissante.»
Elle accepte même de braver le froid. «Pour l’instant, je me sens assez en forme pour travailler ici. Les symptômes restent supportables. Je peux encore rire, j’ai encore mes cheveux. Ça va.» Et puis, il y a sa passion de toujours: le chocolat. «Avoir un stand ici a toujours été mon rêve»
Manuela Waldspurger savoure chaque nouvelle journée qui s’offre à elle. «Je vis pleinement l’instant présent, parce que je ne sais pas de quoi demain sera fait», conclut-elle.