L'UDC lausannoise furieuse
La salade à 150 francs rebondit en politique

La patronne d'une boutique lausannoise a écopé mercredi 19 janvier d'une amende de 150 francs, relatait Blick. Motif: elle a jeté l'emballage de sa salade dans une poubelle située devant sa vitrine alors qu'elle l'avait mangée à l'intérieur. Un élu UDC monte au front.
Publié: 26.01.2022 à 17:08 heures
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Dernière mise à jour: 26.01.2022 à 18:01 heures
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Photo: Keystone
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Antoine HürlimannResponsable de l'actualité de L'illustré

«Comme la presse locale nous l’apprenait il y a quelques jours, l’intransigeance des agents de la propreté urbaine a fait une nouvelle victime.» L’histoire — racontée jeudi 20 janvier par Blick — de la commerçante lausannoise amendée après avoir jeté l’emballage de sa salade dans une poubelle publique située devant sa vitrine a rebondi au Conseil communal (législatif) ce mardi 25 janvier. L’élu de l’Union démocratique du centre (UDC) Valentin Christe n’a pas enfilé de gants avant de plonger ses mains dans le règlement sur la gestion des déchets.

Pour mémoire, nous avions adressé une série de questions précises à la Ville. Florilège: ne serait-il pas possible de faire preuve d’un peu de souplesse et de sensibiliser davantage la population plutôt que de directement adresser des prunes de 150 francs? Existe-t-il une volonté politique de serrer la vis face à ce genre de comportements? Pourquoi aucune distinction n’est faite entre une personne qui viendrait délibérément jeter ses déchets ménagers et un simple emballage de salade consommée sur le pouce à l’intérieur à cause du froid?

Valentin Christe, conseiller communal UDC lausannois.
Photo: Keystone

Le chef du Service de la propriété urbaine n’avait répondu que partiellement à nos questions. Il avait notamment rétorqué: «Les poubelles de rue sont destinées exclusivement à la récolte de déchets 'spontanés', tels que l’emballage d’un encas pris sur le domaine public ou d’un magazine gratuit lu sur un banc. Elles ne sont pas dévolues à l’élimination des déchets ménagers conformément à la loi cantonale en matière de gestion des déchets».

«Une infortunée citoyenne»

Ce mardi soir, Valentin Christe ne se contente pas de ces explications. «Il semble que le problème réside dans le fait que cette infortunée citoyenne a eu l’impudence de consommer son repas à l’intérieur du magasin — dont elle est la tenancière — au lieu de le manger dans la rue en plein mois de janvier, imaginez un peu», ironise le politicien en plénum.

Il enchaîne: «Nous sommes tous sensibles, je crois, à la problématique du littering, soit l’abandon sauvage de déchets qui est un problème avéré à Lausanne depuis longtemps déjà. […] Mais, force est de constater que le comportement incriminé dans cette affaire ne relève à l’évidence pas du littering. […] Pourquoi Madame la municipale Germond n’explique-t-elle pas elle-même publiquement en quoi l’intransigeance de l’administration dans cette affaire est, de son point de vue, justifiée?»

«Faire respecter le règlement»

La socialiste en charge de la propreté urbaine lui répond droit derrière, tout sourire. Au passage, elle souligne — armée d’une pointe de sarcasme — la «forme» du représentant bourgeois. Dans un premier temps, elle lui communique pourquoi elle ne s’est pas personnellement exprimée, rappelant que la Municipalité reçoit beaucoup de demandes des médias et qu’il «est de coutume que les représentants de l’administration publique — en tout cas ses hauts cadres — répondent à la presse».

Florence Germond, municipale socialiste en charge notamment de la propreté urbaine.
Photo: Keystone

Puis, elle revient sur la mission confiée à ses agents. «Faire respecter le règlement qui a été voté par votre Conseil, pique-t-elle. Et votre Conseil a spécifiquement prévu que les déchets ménagers doivent être éliminés dans des sacs taxés. Je n’ai pas les articles du règlement sous les yeux, puisque vous n’avez pas eu la gentillesse de m’envoyer votre gentille question à l’avance, mais, enfin, c’est le principe qui y est fixé. Ce qui est consommé en tant que ménage, à titre individuel, est jeté dans un sac-poubelle taxé. Ce qui est par contre consommé sur l’espace public […] peut être déposé dans les poubelles publiques. Cette règle est toute simple et est là pour l’équité de traitement.»

Fin du débat? Pas vraiment. À la fin de son exposé (dès 1:13:30 sur ce lien), Florence Germond nuance ses propos. «J’en conviens, une petite marge d’appréciation pourrait être… Comment on va dire… Pourrait assouplir un tout petit peu les agents, en leur rappelant qu’une petite marge d’appréciation — comme pour Via Sicura — peut être adaptée à des situations. Mais le principe, vous l’avez bien compris, c’est l’équité face à l’usage des taxes poubelle et aux déchets qui sont mis dans ces sacs.» De là à dire que plus jamais l’emballage d’une salade coûtera 150 francs à Lausanne, il n’y a qu’un pas.

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