Dans une nouvelle vidéo du magazine zurichois «Izzy Projects», le journaliste et humoriste suisse Cédric Schild lève le voile sur l’une des plus grandes escroqueries de casino jamais commises en Suisse. En mars 2024, un groupe de onze ressortissants chinois est parvenu à soutirer près de 140'000 francs en seulement quelques minutes au Swiss Casino de Zurich.
Mais cette affaire n’est qu’un épisode parmi d’autres dans l’histoire mouvementée des casinos en Suisse comme ailleurs. Retour sur plusieurs cas retentissants de triche et de manipulation.
Une roulette trafiquée à Lucerne
En avril 2019, un homme a parié 255 fois sur les mêmes numéros (8, 24, 11, 17, 29 et 26) à la roulette du casino de Lucerne, empochant au total 30'000 francs en une seule nuit. Mais ce gain n’avait rien d’un coup de chance.
Le coupable faisait partie d’un gang qui utilisait des plaquettes métalliques ultrafines collées sur certains numéros de la roulette. Ce système ralentissait la bille et augmentait la probabilité qu’elle tombe sur les numéros ciblés.
Les complices misaient des montants élevés – jusqu’à 845 francs – sur les numéros truqués et des sommes minimes sur d’autres, choisis au hasard pour ne pas éveiller les soupçons. Les plaquettes étaient ensuite retirées discrètement à l’aide d’un aimant. Le groupe a été arrêté à la frontière, où la police a retrouvé les outils, les plaquettes, un aimant et un jeton de casino suspect dans leur véhicule.
La famille Tran
Dans les années 2000, la famille Tran a orchestré l’une des plus vastes escroqueries dans les casinos américains. Leur méthode était pourtant simple: il leur suffisait de corrompre des employés du casino – généralement des croupiers et des surveillants – pour manipuler les cartes lors de parties de mini-baccarat, une variante du baccarat classique.
Pour tricher au blackjack, ils utilisaient un logiciel capable de prédire les prochaines cartes. La famille d'escrocs communiquait via des micros dissimulés. Ce stratagème leur a permis d’empocher environ 7 millions de dollars dans 26 casinos aux Etats-Unis et au Canada, avant d’être finalement démantelés. Plusieurs membres du gang ont été condamnés à des peines de prison.
Le magicien des jetons
L’Américain Richard Marcus aurait gagné des millions grâce à une technique de triche aussi simple qu’efficace. A la roulette, il misait de petites sommes, et lorsqu’il gagnait, il détournait l’attention du croupier pour échanger sa mise initiale contre un jeton de forte valeur. En agissant rapidement et discrètement, il parvenait à empocher d’importants gains sans éveiller les soupçons. Parfois, l'agitation qui régnait autour de la table lui suffisait même pour passer inaperçu.
Le magouilleur de machines à sous
Dennis Nikrasch, ancien serrurier américain, a escroqué les casinos de Las Vegas à hauteur de 10 millions de dollars entre la fin des années 1970 et le début des années 1980. Il trafiquait les machines à sous, encore mécaniques à l'époque, à l’aide de crochets et d’aimants.
Arrêté en 1986, il est condamné à cinq ans de prison, où il avait déjà purgé une peine pour avoir crocheté des serrures pour des gangsters. Mais à sa sortie, les machines étaient devenues électroniques.
Ce qui n'a toutefois pas empêché Dennis Nikrasch de recommencer en utilisant d'autres techniques. A l’aide d’un appareil dissimulé, il reprogrammait les machines pour qu’elles distribuent des gains. Il aurait ainsi amassé environ 6 millions de dollars avant d’être à nouveau arrêté et incarcéré.
Le génie des maths
Ed Thorp, lui, n’avait besoin d’aucun gadget. Ce mathématicien américain a su contrer le blackjack grâce à son intelligence, en développant une méthode de comptage des cartes. Son système augmentait considérablement les chances de gagner, à une époque où les jeux de cartes n’étaient pas systématiquement remélangés après chaque partie.
Un stratagème qu'Ed Thorp ne cachait pas puisqu'il a écrit deux livres sur son astuce de comptage des cartes. Les casinos ont réagi et les jeux de cartes ont fini par être régulièrement remélangés.