La rentrée politique genevoise est décidément placée sous le signes des mandats douteux. Après l'«affaire» Fischer, sous l'impulsion de la Commission des finances, une liste des mandats externes contractés par le Conseil d'État en 2022 a vu le jour. Faisant État de 100 millions de francs de dépenses.
Cette liste, le média Léman Bleu a notamment pu se la procurer. Après avoir étudié le document, la chaîne de télévision genevoise a révélé mercredi que c'est le Département du territoire (DT), sous l'égide du ministre Vert Antonio Hodgers, qui aurait été le plus dépensier l'année dernière. Avec 30 millions de francs déboursés en mandats externes — dont certains interrogent, d'après le média.
Un Vert aurait touché 113'00 francs
En tête de liste de ce qui a retenu l'attention de Léman Bleu: un mandat de 113’000 francs, qui aurait été accordé au député genevois Vert David Martin. Urbaniste indépendant, le politicien aurait été choisi pour «du partage d’expériences eau en ville».
«Inférieur à 250’000 francs, le mandat a été octroyé sans appel d’offres, en gré à gré», écrit le média du bout du Léman. À noter également que David Martin est membre de la commission de l'aménagement, du logement et des travaux. Ce qui amène la question du conflit d'intérêt, entre autres. Confronté à ces accusations, le principal intéressé a répondu qu'il n'était, en tout cas, «pas dépendant financièrement du DT».
L'appel d'offre contourné?
Par ailleurs, Léman Bleu avance que le ministère n'aurait pas toujours procédé aux appels d'offre, pourtant réglementaires pour les marchés qui dépassent 250'000. Répertoriant douze mandataires qui auraient ainsi reçu des sommes allant de 280'000 à 500'000 francs en 2022.
Sollicité à ce propos en conférence de presse mercredi, le président du Conseil d’État et ministre du territoire Antonio Hodgers a rétorqué: «Nous devons analyser la situation par rapport aux demandes de presse qu’il y a dans tous les départements et nous vous reviendrons en temps voulu. Je ne sais même pas de quels mandats vous parlez.»
282’000 pour des tables rondes
Parmi les douze mandats que le média genevois a jugé comme étant potentiellement problématiques, deux sortent particulièrement du lot. Le premier concerne «297’000 francs accordés sans appel d’offres pour sonoriser et assurer la captation vidéo de quatre événements ainsi que des prestations en lien avec des concertations et des ateliers». Ce mandat aurait été attribué à une société audiovisuelle basée à Cossonay, dans le canton de Vaud.
Le second mandat aurait été donné pour les mêmes événements, pour «l’organisation et l’animation de la concertation sur plusieurs manifestations» cette fois, pour un montant de 282’000 francs. La personne en charge de ce contrat-ci serait un homme domicilié à Annemasse. Sa société n’aurait pas de bureaux, mais une simple boîte aux lettres en Vieille-Ville, à Genève, enregistrée auprès d’une entreprise de domiciliation, d'après les informations de Léman Bleu.
Interpellé, Antonio Hodgers a simplement rétorqué, via sa communicante Pauline De Salis: «Pour les deux mandats, il s’agit de marchés différents. Les montants n’ont pas été accordés pour un seul mandat, mais bien pour différents projets. Pour le surplus, Antonio Hodgers ne fait partie de la chaîne de validation.»