La traditionnelle Fête Gansabhauet de Sursee à Lucerne attire chaque année des milliers de visiteurs le 11 novembre pour célébrer la Saint-Martin. Les habitants de la région y sont très attachés.
Cette coutume controversée aurait déjà existé à la fin du Moyen-Âge. Aujourd'hui, la Gansbhauet est une fête populaire au cours de laquelle les familles se mesurent également à l'escalade de perches, à la course en sac et au concours de la meilleure grimace. Mais l'attraction principale reste la décapitation des oies.
Décapiter à l'aveugle
Les deux heureux gagnants de cette année 2023 ont réussi à décapiter les oies mortes en un seul coup de sabre. Pas de médaille ou de trophées pour les vainqueurs: les corps des animaux sans tête font office de prix.
La préparation des joueurs est essentielle: avant de se lancer, ils sirotent du vin rouge et enfilent un masque en forme de soleil sur le visage, ainsi privés de leur vision. Ensuite, ils tournent sur eux-mêmes pour se déséquilibrer. L'oie – morte – est suspendue par la tête. L'objectif est de décapiter l'oiseau avec un sabre de dragon émoussé. Chaque participant n'a droit qu'à un seul essai, avant de devoir passer la main à son adversaire.
Barbarie ou tradition?
«Cette coutume semble tout droit sortie d'une série médiévale de Netflix!» C'est ainsi que le portail en ligne allemand «T-online» décrit la tradition suisse. L'année dernière, la politicienne Meret Schneider avait soutenu cette déclaration. «Dans quelle mesure cela est-il conforme à la loi sur la protection des animaux? Et puis quoi encore? Brûler les chats? La barbarie est devenue une tradition», écrivait l'élue verte sur le réseau social X.
D'autres politiques sont mitigés, comme le président des Vert-e-s de Sursee. «Quand je pense à toutes les belles traditions qui l'entourent, cela me fait chaud au cœur», déclare Samuel Zbinden à propos de la Gansabhauet. «Je peux comprendre que cet événement suscite l'étonnement et l'indignation, notamment chez les personnes qui n'ont pas grandi avec.» Mais l'écologiste est d'avis qu'il vaut mieux mettre l'accent sur la lutte contre l'élevage de masse plutôt que sur l'abolition d'une vieille tradition.
Une pétition a par la suite été lancée pour une alternative respectueuse des animaux à cette coutume. Cette dernière n'a pas abouti, n'ayant recueilli que 1900 signatures. «Actuellement, aucun retour négatif ne nous est parvenu», a déclaré Erich Felber, président de la Commission Gansabhauet, à la «Luzerner Zeitung», peu avant la fête populaire.
«Vous, les Suisses, vous êtes fous»
La fête traditionnelle suscite également une grande indignation chez les touristes. «Je n'arrive pas à croire que vous, les Suisses, soyez sérieux», déclare une touriste de Taïwan à «20 Minuten». La femme de 35 ans attaque surtout le fait que des enfants soient témoins de quelque chose d'aussi cruel. «Nous savions que vous étiez un peuple fou, mais après cette action, je trouve que vous, les Suisses, êtes complètement débiles», complète son ami.
La ville de Sursee sait que cette coutume est sujette à des critiques. Mais elle souligne que pour beaucoup, la Gansabhauet exprime l'estime envers l'animal, en l'occurrence l'oie. Au Moyen-Âge, l'animal était précieux et cher en raison de sa valeur nutritionnelle. «Je ne vois pas pourquoi on devrait mettre fin à cette tradition maintenant alors qu'on le fait depuis toujours», explique un habitant de Sursee au quotidien gratuit.