«Nous avons délivré notre fille», crient les parents de la petite Sophie, tuée à Hägglingen (AG). Dans la nuit du 7 mai 2020, sa mère Emilie et son père Urs ont en effet versé de l'ecstasy dans le biberon de leur fillette handicapée. Puis quand la drogue a fait effet, ils l'ont étouffée.
Dans les colonnes de l'«Aaargauer Zeitung», les parents ont expliqué pourquoi ils ont tué leur fille et pourquoi ils le referaient si nécessaire: «Elle a souffert toute sa vie, explique la mère. Son état ne s'est jamais amélioré. Elle n'aurait jamais pu mener une belle vie.»
Sophie souffrait d'une grave paralysie cérébrale – une lésion du cerveau – et devait être prise en charge 24 heures sur 24. La fillette souffrait également de crampes et de douleurs, ne pouvant ni avaler, ni marcher, ni parler toute seule. Un fardeau qu'elle aurait eu à porter toute sa vie, sa maladie étant incurable.
Deux tentatives avant le meurtre
Comme l'indique le parquet, Sophie aurait «vraisemblablement eu besoin de soins intensifs et d'une prise en charge complète toute sa vie». Mais ses parents indiquent qu'ils n'ont pas tué leur fille en raison d'une charge devenue trop lourde, mais parce qu'ils ne pouvaient plus supporter de voir leur enfant souffrir: «Cela faisait mal de ne pas pouvoir améliorer sa santé, de ne rien pouvoir faire pour l'aider.»
La mère et le père ont donc décidé ensemble de «délivrer» leur fille si son état ne s'améliorait pas. Urs s'est alors renseigné sur «ce qui serait le plus humain et le moins douloureux». Avant de passer à l'acte, les parents ont alors préparé le biberon à deux reprises, sans jamais pouvoir les lui donner. «Je ne pouvais pas le faire. C'est ma petite fille. Ce n'est pas quelque chose qu'on fait facilement», confesse la maman. L'affaire est désormais considérée par le parquet comme des tentatives de meurtre.
«Je n'ai fait ça que pour elle»
Le soir du 6 mai 2020, la mère a fini par donner le biberon à la petite Sophie, avant de se faire arrêter le 10 août par la police. Le lendemain, elle avouera: «Je n'ai pas fait ça pour moi. Je l'ai fait pour elle.» Le 14 août, Urs, le papa, passera lui aussi aux aveux: «Nous voulions juste aider notre fille qui a tant souffert.»
La défense plaidera probablement l'homicide involontaire. Dans ce cas, les auteurs n'agiraient pas sans scrupules, mais sous l'emprise d'une grande détresse morale. Le Ministère public part toutefois du principe qu'il s'agit d'un acte particulièrement impitoyable. La date du procès n'est pas encore connue.