L’art peut-il favoriser la santé? Un projet pilote a été lancé à Lugano pour répondre à cette question. Les médecins pourraient bientôt prescrire non seulement des médicaments, mais aussi de l'art et de la culture.
L'idée n'est pas nouvelle: selon une étude britannique publiée en 2017, les activités artistiques pourraient prévenir la démence et encourager les patients à adopter une alimentation plus saine tout en améliorant leur bien-être général.
Accompagnés par des médecins
Les Tessinois souhaitent désormais bénéficier eux aussi de ces effets positifs. Ce projet, destiné spécialement aux personnes de plus de 65 ans souffrant de maladies chroniques, débutera à l'automne à Lugano. Environ 80 seniors devraient recevoir une «prescription culturelle» de la part de leur médecin de famille.
Chaque participant est accompagné par un assistant social, qui l'aide à choisir l'activité appropriée: photographie, peinture, danse, théâtre ou visite de musée. Pendant six mois, les participants se déplacent en groupe et participent à des activités créatives.
Pour que cela ne reste pas qu’un simple projet expérimental, l’initiative est suivie scientifiquement: questionnaires, examens cliniques et montres connectées permettront de déterminer si des améliorations de la santé sont effectivement constatées. La période d'essai durera au total 18 mois.
Les personnes âgées, un groupe particulièrement vulnérable
Ce qu’on appelle le social prescribing vise à compléter le traitement médical classique par des offres culturelles et sociales. «Les médecins sont conscients du rôle essentiel que jouent le réseau social et le style de vie», explique Luca Gabutti, directeur du service de médecine interne de l’hôpital régional de Bellinzone, impliqué dans le projet. «Il est intéressant d’étudier comment les ressources de la communauté peuvent contribuer à l’efficacité du traitement.»
Les personnes âgées représentent le groupe le plus vulnérable aux maladies chroniques, à la dépression et à la solitude, justifie la ville de Lugano, expliquant ainsi que seules les personnes âgées peuvent participer au projet.
Neuchâtel prescrit des visites de musées
Le projet tessinois bénéficie d’un budget de 250'000 francs. Y participent notamment la ville de Lugano, l’Institut de médecine familiale de l’Università della Svizzera italiana ainsi que le centre culturel Arte e Cultura. L’espoir est grand: si l’art nourrit non seulement l’âme, mais améliore aussi la santé, les coûts de la santé pourraient diminuer.
Le canton de Neuchâtel suit déjà une approche similaire: les médecins y prescrivent des visites de musées. Les patients bénéficiant d’une telle ordonnance obtiennent une entrée gratuite dans les quatre musées de la ville.