Ils font miroiter de grosses sommes d’argent ou un certain pouvoir dans le milieu criminel. Partout en Europe, des commanditaires recrutent des adolescents et de jeunes adultes sur les réseaux sociaux pour commettre des cambriolages ou des vols à leur place.
Ce phénomène gagne aussi la Suisse, confirme l’Office fédéral de la police (Fedpol) à la demande de Blick. Le 21 octobre, la police cantonale vaudoise a notamment arrêté neuf hommes soupçonnés d’avoir planifié le braquage d’un magasin d’armes.
De l'argent facile sans expérience
Selon Fedpol, ces canaux permettraient aux criminels d’échapper à toute identification, arrestation ou poursuite judiciaire. Ils promettent aux jeunes de l’argent facile, sans qu’aucune compétence particulière ne soit requise.
Dirk Baier, directeur de l’Institut de prévention de la criminalité à la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW), observe lui aussi cette tendance de près. Blick lui a demandé comment ces commanditaires criminels s’adressent aux jeunes sur les réseaux sociaux.
Dirk Baier, pourquoi les criminels utilisent-ils les réseaux sociaux pour recruter?
Pour atteindre les jeunes, il faut aller là où ils se trouvent. Si autrefois les jeunes étaient abordés dans les parcs ou les installations sportives publiques, ils le sont aujourd'hui via les réseaux sociaux. Et là, la probabilité de tomber sur un jeune vulnérable ouvert aux offres est encore plus élevée, notamment en exploitant les centres d’intérêt des jeunes, révélés par leurs activités sur certains chats ou forums.
Quelles sont les mailles du filet utilisées pour s'adresser aux jeunes?
On connait déjà ce phénomène dans le domaine de l'extrémisme. Les islamistes y ont notamment recours et ont déjà pu radicaliser des jeunes via les réseaux sociaux. Toutefois, tout le monde ne peut pas être entraîné et motivé à des activités criminelles comme cela. Il faut revenir à la charge à de multiples reprises pour qu'un jeune cède. Cela demande en effet de se pencher sur les motivations personnelles – le statut social, l'argent, appartenir à un groupe – qui poussent les jeunes à passer le cap.
Quels sont les réseaux sociaux les plus appropriés pour cela?
Tous. De telles approches peuvent se dérouler autant sur Instagram que sur TikTok. Utilisées intensivement par les jeunes, ces plateformes permettent d'établir le premier contact. L'objectif est ensuite de les orienter vers des canaux plus secrets, comme Telegram. On peut ensuite davantage les influencer.
Comment ce phénomène va-t-il évoluer à l'avenir?
Je suis optimiste. Parler de ce sujet est un premier pas dans la prévention, car on sensibilise les parents et les enseignants. Cela permet également de confronter les enfants et les jeunes à cette problématique. Puis, on essaie de les protéger en développant des outils. Dans un second temps, on espère parvenir à responsabiliser les plateformes pour qu'elles mettent un terme à de telles activités – ce qui est techniquement possible.