Les piqûres amaigrissantes sont vues par un certain nombre de personnes comme le remède miracle contre les kilos en trop. Dans le monde entier, y compris en Suisse, ces dernières font l'objet d'une demande énorme. Pourtant, ce médicament est initialement destiné au traitement du diabète ou de l'obésité.
Pendant longtemps, un seul principe actif était disponible en Suisse, ce qui a entraîné une importante pénurie en raison de la forte demande. Depuis 2024, une nouvelle formule est autorisée et prise en charge par l'assurance de base. Mais seulement si l'on reçoit une ordonnance prévue à cet effet. C'est le cas pour les personnes en surpoids. Avant de se tourner vers cette méthode, il est préconisé de faire un régime et du sport.
La politique s'en mêle
Aujourd'hui, les caisses d'assurance maladie tirent la sonnette d'alarme. En effet, les spécialistes s'attendent à moyen terme à des coûts annuels pouvant atteindre 300 millions de francs... payés par l'ensemble des assurés. Cela suscite un débat politique. Les piqûres amaigrissantes doivent-elles être comprises dans les soins de base?
Le cri d'alarme des assureurs n'est pas resté sans écho. Le conseiller aux Etats du Parti libéral-radical (PLR), Damian Müller, exige désormais des réponses dans une intervention. «En raison des coûts élevés payés solidairement par les payeurs de primes, il est essentiel que les critères d'efficacité, d'adéquation et d'économicité de ces médicaments soient examinés de près.»
Qu'est ce que cela signifie? Pour être compris dans l'assurance de base, ces trois critères d'économicité, d'adéquation et d'efficacité doivent être remplis en plus de l'autorisation de Swissmedic. C'est l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et la Commission des médicaments qui décident.
L'OFSP a-t-il décidé trop vite?
La nouvelle formule a été admise dans l'assurance de base. Mais cette décision a été entre-temps remise en question. Les premières études montrent que les patients reprennent du poids dès qu'ils arrêtent de prendre le médicament. Son efficacité est-elle donc vraiment suffisante? Ou l'OFSP a-t-il agi trop vite?
Interrogé par Blick, l'OFSP explique qu'en raison du manque d'études à long terme, la nouvelle formule n'a été admise que pour une durée limitée de trois ans. «L'OFSP surveillera étroitement les critères et les réexaminera avant l'expiration du délai.» On ne peut donc pas parler d'une admission précipitée dans les soins de base, car les trois critères ont été soigneusement examinés.
Les caisses maladie restent sceptiques
Les caisses-maladie voient les choses un peu différemment. La CSS voit d'un œil critique «l'économicité et l'efficacité au sens de la durabilité» des substances actives des injections amaigrissantes, comme elle l'indique en réponse à une question de Blick. La caisse trouve problématique que les critères nécessaires soient remplis pour ce produit uniquement parce que l'on suppose que la perte de poids préviendrait automatiquement certaines maladies, comme le diabète, permettant ainsi d'économiser des coûts. Les trois caisses-maladie interrogées – CSS, Groupe Mutuel et Helsana – affirment que le réel bénéfice de ces traitements n'est pas encore prouvé.
Helsana écrit qu'il faut «clarifier si ces médicaments ont effectivement, à long terme, une influence positive sur la santé de la population». Helsana est d'avis que l'OFSP devrait réexaminer chaque année les médicaments à fort chiffre d'affaires afin «d'accélérer une chute des prix».
Actuellement, une seule entreprise fabrique les seringues amaigrissantes autorisées en Suisse : Novo Nordisk Pharma AG, une société basée au Danemark. Un mois de traitement coûte près de 190 francs. Mais avec l’expiration du brevet prévue en 2026, l’arrivée de concurrents sur le marché semble inévitable.