Le PS ne voit pas le problème
«Je suis pour la violence», affirme un employé du parti socialiste sur Twitch

L'un des hôtes du live Twitch, lors duquel la coprésidente des femmes socialistes Mathilde Mottet a fait un doigt d'honneur à son chef de groupe, le 2 avril, s'est aussi illustré. Il se dit «pour la violence». Le parti socialiste, qui l'emploie, ne voit pas le problème.
Publié: 05.04.2024 à 21:24 heures
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Dernière mise à jour: 06.04.2024 à 12:24 heures
Lors du même live Twitch, l’élue Mathilde Mottet a adressé un doigt d’honneur à son chef de groupe en Valais, et un employé du Parti socialiste s’est dit « pour la violence ».
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Décidément, l'ambiance «comme à la maison» était très réussie sur la chaîne Twitch Eteicos, ce 2 avril. Après le doigt d'honneur de l'élue Mathilde Mottet à son chef de groupe socialiste (PS) au législatif de Monthey (VS), voilà qu'un employé du parti se dit «pour la violence».

La vidéo a été supprimée de la chaîne «au service de la révolution», marquée à gauche. Mais le rédacteur en chef du «Peuple», qui se qualifie d'«anarchiste de droite», y a consacré un billet de blog. On y lit que Robin Magnusson, responsable de campagne en ligne au PS Suisse et co-fondateur d’Eteicos, se dit «pour la violence», si elle «sert la dictature du prolétariat».

«La dictature du prolétariat»

Le compte Instagram «Memes du Léman» a partagé un extrait. On y entend Robin Magnusson discuter avec la coprésidente des femmes socialistes, Mathilde Mottet. «Ah non, mais moi, je suis aussi pour la violence», s'exclame le salarié du parti à la rose.

Lorsque l'élue lui demande de quel type de violence il parle, il rétorque qu'il s'agit d'une question stratégique. «Si tu dis dictature du prolétariat, t'es pas pour (ndlr: Mathilde Mottet acquiesce tandis qu'il parle), à ce moment-là, il faut recontextualiser.»

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Le compte de memes semble, visiblement, marqué à droite. Les followers s'en sont ainsi donné à cœur joie en commentaires. «Les fameux antifascistes», ironise un abonné. «Les partis suisses et journalistes se mettent aussi à dénoncer la proximité du PS avec l'extrême gauche violente favorable à la dictature ou pas?», questionne le propriétaire du compte.

Silence de l'intéressé

L'extrait est très court, et la suite de l'analyse de Robin Magnusson est coupée. De quel type de violence parle-t-il donc? Ses propos sont-ils compatibles avec sa fonction d'employé du deuxième parti de Suisse? Se dire pour la violence freine-t-il le travail des élus PS à Berne? Notamment quand, le lendemain du live, le président des Jeunes socialistes cosigne un communiqué demandant aux Jeunes UDC de se distancier du groupe radical «Junge Tat», et de l’extrémiste de droite autrichien Martin Sellner?

Robin Magnusson n'a pas donné suite à nos questions. Le vice-président du PS Suisse, Samuel Bendahan, qui est également coprésident du groupe socialiste aux Chambres fédérales, non plus. Le Vaudois botte en touche et renvoie au secrétariat du parti, organe concerné, selon lui.

La réponse du porte-parole du PS Suisse, Colin Vollmer, n'éclaire pas notre lanterne. «Les employé-es ont le droit d’exprimer leur propre opinion, assure le communicant. M. Magnusson travaille pour le PS en tant que producteur de contenus sur les réseaux sociaux. Ce qu’il fait sur son temps libre n’a pas d’impact sur son travail, dont nous sommes très satisfaits. Nous vivons dans un pays où chacun-e peut exprimer son opinion librement.»

Mathilde Mottet risque l'exclusion

Il n'y a donc pas de problème à être employé par le parti, tout en se prononçant pour la violence sur une plateforme publique. Le sort sera-t-il aussi clément pour l'élue valaisanne Mathilde Mottet?

À la suite de son doigt donneur, adressé à son chef de groupe au Conseil général de Monthey, Fabien Thétaz, qu’elle accuse de mobbing, ce dernier demande son exclusion. «Le Nouvelliste», qui révèle l'information, indique que les deux camarades seront entendus par la section PS du Valais romand.

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