Est-ce que Novartis pique les stratégies de ses concurrents? Roche, également basé à Bâle, a récemment retiré du marché le Lunsumio, un médicament anticancéreux très efficace, suite à un conflit de prix avec la Confédération. Et maintenant, le PDG de l'autre géant pharmaceutique suisse menace à son tour de retirer des médicaments du marché, comme le rapporte le «Tages-Anzeiger». Selon ce document, le patron de Novartis Vas Narasimhan a fait cette déclaration lors de la présentation des résultats semestriels: «Nous essayons d'éviter les situations dans lesquelles nous devons retirer complètement un produit du marché. Mais je pense que cela se produira plus souvent, à moins que l'Europe ne réforme ses systèmes».
Concrètement, les pays européens ont, du point de vue de Narasimhan, des prix de médicaments trop bas. Sa menace doit donc aussi être comprise comme une demande d'augmentation des prix des médicaments. Une revendication qu'il avait déjà faite à la mi-avril. A l'époque, le PDG de Novartis avait publié avec Paul Hudson, PDG du géant pharmaceutique français Sanofi, une lettre publique dans le célèbre journal économique britannique «Financial Times». Dans cette lettre, les deux hommes mettaient en garde contre la perte de compétitivité des entreprises pharmaceutiques européennes. Et demandaient que l'UE fixe des prix pour les médicaments aussi élevés que les Etats-Unis.
Trump veut réduire drastiquement le prix des médicaments
C'est aux Etats-Unis que se trouve le problème d'origine des géants de l'industrie pharmaceutique. Le pays est l'eldorado de l'industrie, car le prix des médicaments y est le plus élevé au monde. Jusqu'à présent, les entreprises pouvaient fixer elles-mêmes le prix de leurs médicaments, ce qui contraste fortement avec l'Europe, où la fixation des prix est clairement réglementée et régulée. Mais cette situation irrite Donald Trump.
Le président américain a donc annoncé à la mi-mai qu'il comptait faire baisser sensiblement le prix des médicaments aux Etats-Unis – de 30 à 80%, comme il l'avait alors souligné. Voilà ce qu'espère le président américain: les USA devraient à l'avenir payer le même prix pour un médicament que le pays occidental qui paie le prix le plus bas.
L'épée de Damoclès douanière plane sur la Big Pharma
Les associations professionnelles suisses ont réagi avec indignation, qualifiant cette mesure «économiquement incompréhensible». Selon elles, des «conséquences graves pour la force d'innovation du secteur» sont à prévoir. Des propos drastiques qui montrent à quel point le marché américain est important pour les entreprises pharmaceutiques. Et c'est justement là que d'autres malheurs guettent.
Car Trump a déjà menacé à plusieurs reprises d'introduire des droits de douane sur les produits pharmaceutiques en provenance de l'étranger. D'après lui, ces droits de douane punitifs pourraient aller jusqu'à 200%. Dès le 1er août, Trump pourrait frapper avec le marteau douanier, mais avec des tarifs plus bas dans un premier temps.
Tout cela met les entreprises pharmaceutiques dans l'embarras. Avec leurs menaces et leurs exigences, elles transmettent habilement la pression de la Maison Blanche aux gouvernements européens. Dans le même temps, Roche et Novartis signalent qu'elles sont prêtes à prendre des mesures drastiques.