Pas de quoi s'inquiéter ici! Les graffeurs gardent leur liberté. Sur le grand chantier du complexe de bureaux de la Confédération à la Guisanplatz à Berne, les autorités ont misé sur une astuce: au lieu des panneaux d'avertissement classiques, un panneau inhabituel s'affiche désormais sur le long mur de construction. Il ne prononce pas d'interdiction, mais fait discrètement appel à la conscience des graffeurs et vandales potentiels.
On peut y lire: «Je suis écologique! Si ce mur de construction en bois massif suisse est tagué ou collé, il devra être éliminé comme déchet spécial et incinéré». Plus bas, une demande est poliment formulée: «Vous aussi, soyez écologique! Laissez ce mur naturellement beau». Le panneau a été posé par l'Office fédéral des constructions et de la logistique.
Orienter le comportement dans la bonne direction
Il ne s'agit pas ici de prononcer une interdiction, ni de menacer de sanctions, mais de donner des indications avec douceur et avec bienveillance. Certains parlent de nudging, un «coup de pouce» qui peut orienter un comportement dans la direction souhaitée.
Le Conseil fédéral considère même le nudging comme «une alternative aux réglementations présentant un degré d'intervention plus élevé, telles que les interdictions ou les obligations». Dans le cas du panneau de la Guisanplatz à Berne, celui qui tague sait qu'il ne commet pas uniquement un dommage matériel, mais qu'il abîme du bois précieux et, in fine, qu'il nuit à l'environnement.
On trouve des stratégies de nudging similaires dans d'autres domaines. Toujours à Berne, dans certains espaces verts, on trouve des panneaux protégeant les plantes avec écrit «Je grandis pour ton climat» ou encore «L'avenir bourdonne ici», qui avertissent de ne pas marcher sur la pelouse fleurie. Et il est vrai que cela responsabilise plus le marcheur qu'un banal «Interdit de marcher sur la pelouse». Pour l'heure, sur le chantier de Guisanplatz, tout est intact.