Surtout des femmes étrangères
La traite d'être humains en Suisse a fait 201 victimes en 2024

La traite d'êtres humains reste une réalité en Suisse, avec 201 victimes recensées en 2024. La Plateforme Traite révèle que la majorité des victimes sont des femmes, provenant principalement du Nigeria, de la Colombie et de la Hongrie.
Publié: 30.07.2025 à 10:26 heures
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La traite d'êtres humains reste une réalité en Suisse, avec 201 victimes recensées en 2024. (Image d'illustration)
Photo: Shutterstock
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ATS Agence télégraphique suisse

En Suisse, 201 victimes de traites d'êtres humains ont été recensées l'année dernière par la Plateforme Traite, soit une légère hausse par rapport à 2023. Près de trois quarts des victimes (73%) sont des femmes, selon les statistiques publiées mardi.

«Ces chiffres ne cessent de confirmer que la traite d'êtres humains est une réalité en Suisse» écrit mardi la Plateforme Traite, qui regroupe les cinq organisations – Fiz, Astrée, CSP Genève, Antenna et Avit –, spécialisées dans le conseil et l'aide aux victimes, dans un communiqué.

Sur les 201 victimes, 114 ont été exploitées sexuellement alors que 95 ont subi une exploitation liée au travail, à l'incitation à commettre des délits et à la mendicité. En 2024, les personnes qui ont subi de la traite provenaient de 54 pays différents, indique la plateforme. Les nouvelles victimes provenaient majoritairement du Nigéria, de la Colombie et de Hongrie. En tout, les membres de la Platefomre Traite sont venus en aide à 483 personnes en 2023, un chiffre qui comprend les victimes nouvellement et déjà identifiées.

Meilleure coordination fédérale

La Plateforme Traite souligne que ces chiffres ne «reflètent qu'une partie de la réalité du phénomène en Suisse». L'identification dépend en effet fortement de la présence de services spécialisés, du degré de sensibilisation à la thématique et des secteurs contrôlés.

Dans ce contexte, la plateforme salue l'implication croissante de certains cantons et se réjouit d'accueillir comme nouveau membre le service de consultation spécialisée nouvellement créé en Valais. Elle note toutefois que la cohérence entre ces actions cantonales et les politiques fédérales doit être améliorée.

Sans cette coordination étroite notamment, la Plateforme Traite craint que la lutte contre la traite des êtres humains ne perde en efficacité à long terme. Elle cite notamment l'exemple de certaines victimes qui se voient refuser un permis de séjour par les autorités fédérales, alors que les autorités cantonales sont favorables ou qu’elles ont soutenu financièrement le processus d’intégration de ces personnes durant plusieurs années.

Pacte sur l'asile critiqué

Sur les 201 nouvelles victimes de traites identifiées, 10,4% se trouvaient dans une procédure d'asile écrit encore la plateforme. Les autres étaient sans-papiers et relevaient du droit des étrangers. En se basant sur plusieurs expériences, les diverses organisations expliquent que la précarité des trajets migratoires expose les personnes concernées à des risques importants d’exploitation.

Dans ce contexte, la Plateforme Traite critique vivement les adaptations apportées par la Suisse au pacte européen sur l'asile et recommande que la Suisse fasse usage de la clause de souveraineté pour traiter les demandes d'asile, en particulier pour les personnes en situation de vulnérabilité.

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