Juste avant le dérapage sur la RTS
Slobodan Despot sur la Suisse durant le Covid: «C'était du nazisme»

La RTS a présenté ses excuses après la sortie de son chroniqueur Slobodan Despot sur les pays baltes qui se nazifieraient, au micro des «Beaux Parleurs». Surprise: peu avant, le polémiste sédunois avait déjà fait une comparaison douteuse avec le régime d'Adolf Hitler.
Publié: 19.03.2024 à 17:43 heures
|
Dernière mise à jour: 19.03.2024 à 18:12 heures
Le polémiste Slobodan Despot est visiblement très préoccupé par le nazisme. Au point de le voir partout?
Photo: Capture d'écran/Club suisse de la presse
ANTOINE ZOOM (1).png
Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Vous pensiez que, dans l’esprit tourmenté de Slobodan Despot, les pays baltes étaient les seuls États à restaurer le nazisme? Détrompez-vous. Peu avant sa saillie prorusse au micro de l’émission de la RTS «Les Beaux Parleurs» (un dérapage qui a contraint le service public à s’excuser ce lundi 18 mars), le polémiste et chroniqueur confirmé à la radio romande faisait déjà une comparaison douteuse avec le régime d’Adolf Hitler. Mais concernant la Suisse, cette fois.

C’est l’édition du mois de mars du mensuel conservateur «Le Peuple» qui nous l’apprend. Dans son éditorial à propos du recueil de textes consacré «au manque de diversité de la presse romande» («Sans diversité de vues, pas de journalisme», éditions Favre), le rédacteur en chef Raphaël Pomey raconte avec critique une scène savoureuse. Ou fort malaisante, c’est selon.

«L'ausweis» vaccinal

Posons le décor. Nous sommes le 6 février, au Club suisse de la presse, dans la cossue campagne genevoise. Les auteurs de l’ouvrage coordonné par la reconnue journaliste économique Myret Zaki vernissent leur œuvre. Parmi eux, Slobodan Despot, dont le média Antipresse est situé par la plateforme française Conspiracy Watch au milieu de différents relais complotistes.

Des pontes de la profession sont là. Dont Isabelle Falconnier, directrice du très sérieux cénacle des rédacteurs, bien sûr. Sans surprise, le débat de fond — sur les médias qui souffriraient encore davantage de problèmes idéologiques qu’économiques — est bouillonnant. Visiblement, ici, toutes les outrances sont permises.

La preuve avec le témoignage de Slobodan Despot, ancien conseiller du cador de l’Union démocratique du centre (UDC) Oskar Freysinger. Dressé sur scène, le quinquagénaire, qui n'a pas donné suite à nos sollicitations, raconte à un public visiblement passionné comment, dépourvu de «l’Ausweis» vaccinal, il n’avait pas pu boire un verre dans un bistrot après une randonnée effectuée au pic de la crise du Covid (à voir dès 1:14:55, en cliquant ici).

Kamoulox ou diatribe?

«C’était du nazisme», lance-t-il avec aplomb. «Nous avons traversé une période nazie», insiste-t-il droit derrière. Applaudissements nourris dans la salle qui réunit principalement les auteurs du livre et leurs proches. Romaine Jean, journaliste valaisanne qui a participé à la rédaction du même bouquin, l’interpelle d'abord par son prénom pour essayer de passer à autre chose.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

L’éditeur sédunois courroucé développe malgré tout son propos: «Je vais être très clair: nous sommes entrés dans une époque où les enjeux que nous vivons sont existentiels et métaphysiques. Ils nous frappent dans notre existence. C’est fini, la rigolade […]. Les gens que vous allez écouter sont des gens qui vont parler uniquement avec leur peau au bout de leur plume.»

On notera une seconde vaine tentative de Romaine Jean pour interrompre cette diatribe pas piquée des hannetons, et un poil cryptique: «L’apéro nous attend». Espérons que le Club suisse de la presse, qui tend le micro à tout le monde (et donc à n’importe qui), servait aussi de la tisane.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la