Les faits sont violents. Traumatisants, même. Pourtant, personne n’a réagi. Le 22 juin dernier, à Paris, la violoniste virtuose d’origine jurassienne Julie Berthollet a été dépouillée de ses bijoux et menacée avec un couteau en plein jour, dans l’indifférence générale.
L’artiste qui enchaîne le prix prestigieux et les collaborations avec les grands noms de la musique avait annoncé cette agression sur son profil Instagram le lendemain des faits. Elle s’y replonge dans une interview intime accordée à «L’illustré».
Tout commence devant l’appartement parisien de la musicienne, boulevard Rochechouart, dans le IXe arrondissement, à 7 heures. Alors que Julie Berthollet sort de chez elle pour se rendre à la gare de Lyon afin de prendre le TGV en direction de Genève, un homme tente de lui voler son téléphone. La jeune femme résiste avec force et parvient à s’en sortir. Pour l'instant...
«Le type a sorti un couteau»
Un poil plus tard, à un arrêt de métro, un autre homme l’invective. Avant de lui arracher ses colliers et un bracelet. Julie Berthollet essaie de le rattraper pour récupérer ses bijoux. «Au même moment, le type a sorti un couteau, confie-t-elle à nos confrères. Les usagers montaient et descendaient. Ils s’écartaient même en lui laissant assez d’espace pour m’agresser…»
Elle enchaîne: «C’est l’indifférence totale. Une jeune femme du bureau de la RATP est sortie de son guichet et elle est venue vers moi. Un homme, en passant, a dit le plus normalement du monde: 'Il avait un couteau', et il a poursuivi son chemin. Moi, je n’arrivais pas à parler, je n’arrivais plus à respirer.»
Conséquence: la violoniste songe à revenir en Suisse. «Je voudrais m’installer en Lavaux; je cherche un 2 pièces. Je ne veux plus vivre dans un endroit où l’individualisme est omniprésent», annonce-t-elle encore à «L’illustré». «Je n’ai absolument pas les épaules pour supporter toute cette violence ambiante, continue-t-elle. À Paris, lorsqu’on dit bonjour à quelqu’un, il le prend comme une agression. C’est autre chose en Suisse.»