Le Conseil national poursuit ce jeudi l’examen de l’initiative UDC «Pas de Suisse à 10 millions!», entamé lundi. Hormis les élus du parti agrarien, les interventions se sont multipliées pour appeler à rejeter ce projet. Les débats devraient encore durer une partie de l'après-midi. Jusqu'à jeudi en milieu de journée, près de quatre-vingts orateurs s'étaient déjà succédé à la tribune et une trentaine doivent encore s'exprimer.
L'initiative demande que la population résidante permanente de la Suisse ne dépasse pas dix millions de personnes d'ici 2050. Le Conseil fédéral et le Parlement devraient prendre des mesures dès que la population dépasse les 9,5 millions.
Une Suisse saturée?
Les personnes admises à titre provisoire ne pourraient plus obtenir d'autorisation de séjour ou d'établissement, ni la nationalité suisse, ni aucun autre droit de rester. Si ces mesures ne sont pas suffisantes, Berne devrait résilier des traités internationaux, notamment l'accord sur la libre circulation des personnes avec l'UE.
Pour l'UDC, ce texte est nécessaire car les infrastructures de la Suisse sont saturées. Ses orateurs ont cité des transports publics bondés, des embouteillages à n'en plus finir, la pénurie de logements et des loyers en hausse, un recul des terres cultivables, une augmentation de la criminalité.
«Voulons-nous continuer à accueillir chaque année l'équivalent de la population de la ville de Lausanne», soit environ 100'000 personnes?, a demandé Yvan Pahud (UDC/VD). Et d'ajouter que l'on ne peut pas continuer à construire sans fin. Il faut freiner cette fuite en avant démographique, a abondé son collègue Jacques Nicolet (UDC/VD).
«Une vision simpliste»
Les opposants au texte ont souligné que l'économie avait besoin de l'immigration et que son acceptation aggraverait encore la pénurie de main-d'œuvre dans certains domaines, notamment celui de la santé. De plus, l'initiative entraînerait la résiliation des accords bilatéraux. Couper ces accords dans le contexte géopolitique actuel serait un «suicide diplomatique et économique», a souligné Benjamin Roduit (C/VS). Raphaël Mahaïm (Vert-e-s/VD) a lui prédit un «chaos programmé».
Les opposants ont reconnu que la croissance démographique présente des défis, mais l'initiative n'est pas la manière d'y répondre. Brigitte Crottaz (PS/VD) a dénoncé une «vision simpliste et une obsession de faire croire que tous les problèmes découlent de l'immigration». S'il n'y a pas de place dans les transports publics, c'est parce qu'il n'y a pas eu suffisamment d'investissements, a complété Tamara Funiciello (PS/BE).
Le Centre défend pour sa part un contre-projet sous la forme d'une clause de sauvegarde, mais qui soit compatible avec les accords bilatéraux. Il ne devrait pas avoir plus de succès que l'initiative.