«Il est plus dangereux que le loup»
Un expert alerte sur les hybrides de loup adoptés comme animal de compagnie

Un hybride de loup a été saisi en Argovie. Aska vit désormais dans le centre d'accueil Sikypark dans le canton de Berne. Le directeur du zoo et biologiste, Marc Zihlmann, explique pourquoi il est risqué de garder une telle espèce comme animal de compagnie.
Publié: 17.05.2025 à 23:23 heures
Aska, deux ans, a été retirée à son propriétaire par décision de justice et placée au Sikypark de Crémines (BE).
Photo: zVg
Bettina Bono
Bettina Bono

«Aska» est un jeu informatique de survie, dans lequel il est possible de domestiquer des chiots loups dans une tribu de vikings. Pour de nombreuses personnes en Suisse, le passage de l'écran à la réalité s'est concrétisé. Certains nouveaux propriétaires s'affichent désormais avec de telles espèces sur les réseaux sociaux. Les conséquences? La demande est énorme, non seulement pour des chiens ressemblant à des loups, mais aussi pour des croisements réels, appelés hybrides.

Là où il y a de la demande, il y a du business! Et il n'est même pas nécessaire de passer par le darknet pour commander un hybride de loup, explique le biologiste Marc Zihlmann. Quelques clics de souris suffisent. «Et en plus, il est possible de choisir avec quelle espèce de loup on souhaite avoir son chiot croisé.»

Le propriétaire se bat pour la restitution

Marc Zihlmann est responsable du zoo du parc de sauvetage animalier Sikypark à Crémines, dans le canton de Berne. C'est là que les animaux sauvages en détresse trouvent un foyer, dont actuellement trois loups hybrides. L'un d'eux est Aska, âgée de deux ans. Elle a été enlevée à son propriétaire par décision de justice et placée au Sikypark. Les services vétérinaires ont trouvé la prétendue chienne seule dans un appartement, avec un collier autour du cou qui vibrait lorsqu'elle aboyait. Un test a montré que l'ADN d'Aska était composé à 44% de loup gris. Son propriétaire se bat actuellement par pétition pour la récupérer. Sa raison? «C'est ma seule famille».

Un chien sur le papier, un loup en réalité. Selon Marc Zihlmann, directeur du Sikypark, les hybrides de loups peuvent être achetés sans problème. L'élevage et la détention comme animal de compagnie sont illégaux.
Photo: zVg
Trois loups hybrides (Aska sur la photo) sont déjà hébergés au Sikypark chez Marc Zihlmann.
Photo: zVg

«Ces animaux sont des chiens sur le papier»

En Suisse, un chien doit avoir au maximum 25% de gènes de loup pour être considéré comme un chien et être détenu comme tel. La détention d'un chien croisé avec un loup est en revanche illégale. Et pourtant, les hybrides de loups vivent aussi chez nous comme animaux de compagnie. «Ces animaux sont des chiens sur le papier, ils arrivent chez leurs propriétaires avec une puce implantée et des documents d'élevage falsifiés. Et pas seulement de l'étranger. Je connais aussi des éleveurs en Suisse qui proposent ce service», déplore Marc Zihlmann.

Selon lui, il est difficile d'en apporter la preuve. Des tests ADN fiables ne sont pas possibles de manière standard en Suisse. Et le commerce des hybrides de loups est florissant. Selon l'expert, certains éleveurs réalisent un chiffre d'affaires de 150'000 euros par an. «Un chiot hybride de ce type coûte entre 3000 et 5000 euros. On peut aussi obtenir un loup, pour nettement moins.»

Les besoins d'un loup, les prédispositions d'un chien

L'élevage de chiots hybrides est un élevage de souffrance. Les déformations infligées à l'animal ne seraient pas reconnaissables physiquement, mais seraient de nature psychique. «Ce sont des animaux avec un trouble de la personnalité. Ils ont les besoins d'un loup et les prédispositions d'un chien», explique Marc Zihlmann. L'hybride veut plaire de manière similaire au chien, il est intelligent, apprend et n'a pas peur des gens. Mais comme le loup, il est aussi méfiant, veut défendre, chasser et ne connaît pas la marche en laisse.

«La détention de ces animaux n'est pas conforme à leurs besoins et surcharge les propriétaires. Si un hybride de loup s'enfuit, il ne reviendra pas de sitôt. Il se mettra plutôt à la recherche d'une meute et finira par apparaître au milieu d'un village, parce qu'il cherchera tout de même la proximité de l'homme», précise l'expert.

Selon le biologiste, 15% de la population de loups en Suisse sont déjà des hybrides, en partie issus de croisements avec des chiens errants ou justement des hybrides de loups qui ont rejoint une meute. «Il est plus dangereux que le loup. Si l'on veut protéger le loup, il faut éliminer l'hybride. Car il survivra au loup», alerte le responsable du zoo.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la