Le gestionnaire de fortune genevois Eric Freymond, accusé par l'un des héritiers du géant du luxe Hermès de l'avoir ruiné dans une mystérieuse affaire autour de la disparition de ses actions, s'est suicidé, a rapporté jeudi le quotidien La Tribune de Genève.
Selon le journal suisse, ce banquier et mécène âgé de 67 ans est «décédé brutalement mercredi matin, près de son chalet de Saanen, dans le canton de Berne», plusieurs de ses proches affirmant qu'il «se serait ôté la vie volontairement». Une source avec laquelle il s'entretenait régulièrement a également affirmé à l'AFP qu'il a mis fin à ses jours.
Contactée par l'AFP, la police du canton de Berne n'a pas souhaité donner d'information en raison «des dispositions légales» concernant «la protection de la sphère privée». Comme l'a affirmé le journal, la police cantonale a confirmé qu'un «accident de train» s'est produit près du camping de cette commune appelée Gessenay en français, sans fournir davantage de détails.
Accusé d'avoir fait disparaître des actions
Eric Freymond était au coeur d'une mystérieuse affaire non résolue autour des actions appartenant à Nicolas Puech, 82 ans, un arrière-petit-fils du fondateur de la maison française de maroquinerie Hermès. L'octogénaire avait accusé son ancien gestionnaire de fortune d'avoir fait disparaître ses actions et porté plainte contre lui.
La justice genevoise avait innocenté Eric Freymond, jugeant les accusations de Nicolas Puech «trop vagues et peu étayées», a rappelé la Tribune de Genève. Mais il avait également déposé une plainte similaire contre M. Freymond en France.
«Eric Freymond était d'une rare sensibilité, il a été brisé par la violence du soupçon, de la trahison et la dureté d'un monde sans indulgence», ont réagi François Zimeray et Jessica Finelle, deux de ses avocats, dans un communiqué transmis à l'AFP. «Ce que certains ont vu comme des faiblesses n'était que le reflet de son humanité», ont-ils ajouté, son décès étant pour eux «une épreuve bouleversante».
Des accusations contradictoires
Souvent décrit comme en froid avec le reste de sa famille, Nicolas Puech avait hérité de plus de 6 millions d'actions, soit 5,76% du capital d'Hermès. Une des grandes questions dans ce dossier à rebondissements était de savoir si ces actions avaient été vendues ou non lorsque Bernard Arnault, le patron de LVMH, avait discrètement accumulé une participation dans son concurrent.
L'affaire, au coeur de multiples enquêtes de presse en France et en Suisse, a connu un nouveau rebondissement en 2023 lors que Nicolas Puech avait affirmé être ruiné, et accusé son gestionnaire de fortune d'avoir utilisé de subtils montages financiers pour faire disparaître ses actions.
Dans une longue enquête publiée début janvier, les journaux du groupe de médias suisse Tamedia, dont la Tribune de Genève, avaient mis au jour de nombreuses contradictions dans ces accusations, explorant plusieurs pistes sans résoudre le mystère.