L'information révélée par Blick a fait des remous à Berne. L'Office fédéral de la police (Fedpol) aurait dû supprimer la mention de la couleur de peau du système de recherche national Ripol: c'est en tout cas ce qu'avait décidé le conseiller fédéral Beat Jans.
Mais plusieurs politiciens sont montés aux barricades et ont déposé des interventions visant à supprimer cette modification apportée au fichier Ripol. La Confédération fait désormais marche arrière. La caractéristique de la couleur de peau devrait à nouveau être indiqué, mais sous une forme révisée.
Une nouvelle catégorisation
«En concertation avec les polices cantonales, Fedpol assurera une catégorisation selon la couleur de peau dans Ripol», écrit le ministre socialiste de la Justice Beat Jans dans sa réponse aux interventions. «Il s'agit toutefois de moderniser en même temps les catégories existantes, notamment en abandonnant les désignations de couleur 'jaune' et 'rouge', peu adaptées à la pratique et problématiques.» Les anciennes désignations comme «noir», «brun» ou «blanc» devraient donc rester.
Par ailleurs, les possibilités de typologie selon l'origine régionale, comme par exemple «Asiatique», «Européen central» ou «Africain noir», sont maintenues. Mais là aussi, certaines adaptations des différentes catégories seront effectuées «afin de mieux répondre aux besoins de la pratique».
Les cantons favorables à une correction
Cette correction fait suite à une consultation menée début novembre auprès des cantons. «Cette consultation a confirmé qu'une majorité des polices cantonales souhaitaient maintenir une possibilité de saisie facultative de la couleur de peau, mais qu'elles considèrent également que les catégories actuelles doivent être adaptées», explique Beat Jans.
Il souligne en même temps que le critère de la couleur de peau n'es guère utilisé dans la pratique, car il est peu précis. «L'évaluation des données Ripol a montré qu'actuellement, moins de 1% des signalements comportent une mention de la couleur de peau.»
D'autres caractéristiques physiques comme l'âge, la taille, la corpulence, l'origine régionale, l'habillement et les signes particuliers comme les tatouages, les piercings, les cicatrices, etc. seraient plus précises et donc bien plus importantes pour le travail de la police.
La Confédération se défend contre l'accusation.
La Confédération se défend en outre contre le reproche qui lui est fait d'avoir voulu restreindre le travail de la police. «Le changement de pratique qui a eu lieu n'avait en aucun cas pour but de restreindre les possibilités de recherche de la police», souligne Beat Jans. «Au contraire, le but est d'augmenter la précision et donc la qualité des données saisies et d'améliorer ainsi l'efficacité et l'efficience des recherches.»
Auparavant, Beat Jans avait dû essuyer de nombreuses critiques. «Pour que les recherches soient efficaces, il est essentiel que la police puisse saisir toutes les caractéristiques disponibles et pertinentes pour l'identification», a par exemple critiqué le conseiller national UDC Mike Egger (SG) dans sa motion. La suppression de la caractéristique de la couleur de peau affaiblit la capacité d'intervention de la police et complique inutilement son travail.
«Interdire la saisie de cette caractéristique priverait les autorités de poursuite pénale d'un instrument indispensable et nuirait à la précision des recherches», a également mis en garde la conseillère nationale PLR Jacqueline de Quattro (VD). Sous la houlette du conseiller national UDC Mauro Tuena (ZH), la Commission de la politique de sécurité du Conseil national a également déposé une motion dans ce sens.
Le Conseil fédéral fait maintenant marche arrière. Il considère donc que les interventions ne sont plus nécessaires et recommande leur rejet.