Des kilomètres de plages, des forêts denses, des volcans impressionnants – ce paysage imposant a valu à La Palma le surnom de La Isla Bonita (la belle île). Aujourd’hui, sa beauté est recouverte de cendres. Il y a quatre semaines, le volcan du parc national de Cumbre Vieja, dans le sud de l’île, est entré à nouveau en éruption après 50 ans de calme. Depuis, une coulée de lave à plus de 1000 degrés s’est frayé un chemin dans les villages environnants, engloutissant inlassablement les maisons les unes après les autres.
L’une d’entre elles appartenait à Danica W.*. La trentenaire a émigré à La Palma il y a 15 ans et s’est installée avec son compagnon Victor D.* dans le petit village de Todoque. Là où se trouvait leur maison de rêve il y a un mois à peine, il n’y a plus que de la lave et des cendres. Plus de 7500 personnes ont dû être mises à l’abri au cours des dernières semaines, soit près de dix pour cent des 85’000 habitants de La Palma.
«Soudain, nous avons entendu une forte détonation»
L’éruption volcanique était annoncée depuis des semaines par des séismes de moindre importance. «Vous les sentez, ils vous réveillent la nuit», raconte la mère de deux enfants. Sa voix tremble lorsqu’elle repense à l’éruption: «Lors du dernier tremblement de terre, j’ai eu l’impression que la maison bougeait. Soudain, nous avons entendu une forte détonation. On a couru dans le jardin, on a vu l’explosion et le nuage de fumée.» Il est devenu clair qu’ils devaient quitter les lieux le plus vite possible.
«Nous n’avions pas fait nos valises, nous avions juste préparé les papiers les plus importants, car les autorités s’attendaient à ce que l’éruption ait lieu plus au sud», explique la Suissesse. Une semaine auparavant, les communautés concernées avaient été informées, «mais ceux qui ont été touchés au final ne l’ont pas été».
La famille monte dans la voiture et part. «Il y avait un embouteillage d’un kilomètre de long. Personne ne savait à quelle vitesse la lave allait atteindre l’endroit. C’était le chaos», se souvient-elle.
Appel aux dons pour un nouveau départ
Dans les premiers jours qui ont suivi l’éruption, la famille a été autorisée à retourner dans leur maison pendant 15 minutes à la fois pour sauver leurs biens, accompagnée par des pompiers ou des militaires. «Nous prenions régulièrement des jumelles pour voir au loin si notre maison était encore debout.» Tout semblait bien se présenter les trois premières semaines, mais soudain le volcan a recommencé à cracher de la lave et des cendres: «Nous avons alors su que c’en était fini.» soupire la Zurichoise.
Danica W. et sa famille ont trouvé refuge dans l’appartement de son beau-frère et tentent de se distraire du mieux qu’ils peuvent. «Les enfants retournent à l’école. Au moins, ça amène un peu de normalité.» Ce qui va se passer par la suite, ils ne le savent pas encore. «Heureusement, nous avons une assurance. Nous devons maintenant régler toutes les formalités».
Pour aider la famille à prendre un nouveau départ, sa sœur Rena a lancé un appel aux dons. Danica W. s’étonne: «Je n’arrive pas à croire que des gens qui ne nous connaissent pas vraiment prennent le temps de nous aider. Je suis submergée par la solidarité.»
* Noms connus