Désaccord éditorial et une rupture de confiance
Protestinfo se sépare de ses deux journalistes en Suisse romande

L'agence Protestinfo, spécialisée dans l'actualité protestante, licencie ses deux journalistes. Un désaccord éditorial et une rupture de confiance sont évoqués par les instances ecclésiales.
Publié: 14:45 heures
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ATS Agence télégraphique suisse

Les deux journalistes de l’agence Protestinfo, spécialisée dans l’actualité protestante, viennent d'être remerciés. Un désaccord éditorial et une rupture de confiance sont évoqués par les instances ecclésiales.

Confirmant une information de 24 Heures et dans la foulée de cette annonce qui «l'a totalement surpris», Beat Grossenbacher, ancien rédacteur en chef de l'ATS, quitte la commission d'experts de l'Office protestant des médias des Églises réformées romandes (Comex), qui accompagne les activités de Protestinfo, a-t-il indiqué à Keystone-ATS. L'agence venait de fêter ses 25 ans.

Protestinfo, placée sous l'égide de Médiapro – le service qui gère les médias pour les Églises réformées de Suisse romande et chapeaute l'agence notamment –, alimente plusieurs titres de la presse romande, parmi lesquels 24 Heures, Le Temps, Le Courrier ou encore La Liberté.

Selon Anne-Sylvie Springer, rédactrice en cheffe de l'agence, un désaccord éditorial est à l'origine de la rupture. Elle ne peut toutefois pas faire de commentaire, un processus de résiliation à l'amiable des rapports de travail avec les deux journalistes de Protestinfo, dont Lucas Vuilleumier, étant en cours.

Qualité pas remise en question

De son côté, Yves Bourquin, vice-président de la Conférence des Églises réformées romandes (CER) et président de l'Église réformée évangélique du canton de Neuchâtel (EREN), évoque une «rupture de confiance», a-t-il dit à Keystone-ATS, «sans que la qualité du travail journalistique ne soit remise en question».

«Cette décision intervient à l'issue d'une période marquée par des échanges soutenus et par des démarches de médiation entreprises par le Conseil exécutif avec certaines Églises membres au sujet du travail de l'agence», écrit la CER dans un communiqué mercredi.

«Ces efforts visaient à désamorcer des tensions et à restaurer une confiance perdue avec ces Exécutifs (...). Malgré ces tentatives, le constat s'est imposé qu'un équilibre durable ne pouvait plus être retrouvé dans la manière de travailler ensemble», ajoute-t-elle.

Vives tensions

Depuis plusieurs années déjà, les tensions étaient vives entre l'agence et certains responsables d'Églises. «Il ne s'agit pas d'un désaccord sur le droit légitime d'investigation journalistique, mais d'une divergence persistante quant à la manière d'assurer la mission de Protestinfo dans son équilibre entre liberté éditoriale et responsabilité institutionnelle», poursuit la CER.

«Le Conseil exécutif recevait régulièrement des plaintes de la part de certaines Églises, au point qu'il n'y avait plus moyen de sauver la situation, qui avait aussi un impact sur le bien-être des journalistes au travail», selon Yves Bourquin. Un article sur lequel Protestinfo était en train de travailler a été la goutte qui a fait déborder le vase.

Survie pas remise en cause

La survie de l'agence ne semble pas remise en cause pour l'instant. Même si ces décisions ont aussi pour toile de fond des Églises, dont les moyens ne cessent de diminuer.

Yves Bourquin parle d'un «recalibrage» des activités de l'agence. De son côté, le directeur de Médiapro Paolo Mariani évoque, cité dans une chronique de RTSreligion diffusée mercredi matin, un rapport récent visant à mieux équilibrer les attentes des Églises et les exigences du journalisme. Ce sera désormais à une nouvelle équipe de tenter de le concrétiser.

Les émissions de RTSreligion sont, elles aussi, en partie financées par les Églises réformées, évangéliques et catholique.

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