La question claque, comme les applaudissements, droit derrière. «Ne feriez-vous pas mieux, Monsieur le Ministre, d’utiliser votre influence auprès de Moscou pour éviter que ce pays ne viole, tous les jours, le droit international, avec une guerre d’agression qui est illégale, et ne commette des violations pratiquement quotidiennes des Conventions de Genève?»
Le conseiller national Damien Cottier (PLR) est une nouvelle fois monté au front pour contrer Peter Szijjarto, devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, l’organe législatif de la Convention européenne des droits de l’homme (lire encadré ci-dessous), ce lundi. Pour comprendre son courroux, il faut écouter le discours du ministre des Affaires étrangères hongrois.
Attention à ne pas le confondre avec l'Union européenne et son parlement. «Le Conseil de l'Europe, c'est l'Europe en tant que continent, explique Damien Cottier. L'Union européenne, c'est l'Europe politique.» Le Conseil de l'Europe, qui réunit tous les pays de la région, y compris la Turquie, mais plus la Russie, est le garant de la Convention européenne des droits de l'homme. Les relations avec la Biélorussie sont en outre suspendues.
Entre autres missions, l'Assemblée parlementaire, sise à Strasbourg, élit les juges de la Cour européenne des droits de l'homme et le secrétariat général. Elle dialogue avec le Comité des ministres, l'organe exécutif de l'organisation, dont la présidence change tous les six mois. La Suisse y est représentée par le conseiller fédéral Ignazio Cassis (PLR), ministre des Affaires étrangères.
La Suisse est membre du Conseil de l'Europe depuis 1963 et y est représentée, au sein de son organe législatif, par douze parlementaires fédéraux. Aux côtés de Damien Cottier pour cette législature, d'autres Romandes et Romands: les socialistes Pierre-Alain Fridez (JU) et Ada Marra (VD), la Valaisanne Marianne Maret (Le Centre) et le Vaudois Jean-Pierre Grin (UDC).
Attention à ne pas le confondre avec l'Union européenne et son parlement. «Le Conseil de l'Europe, c'est l'Europe en tant que continent, explique Damien Cottier. L'Union européenne, c'est l'Europe politique.» Le Conseil de l'Europe, qui réunit tous les pays de la région, y compris la Turquie, mais plus la Russie, est le garant de la Convention européenne des droits de l'homme. Les relations avec la Biélorussie sont en outre suspendues.
Entre autres missions, l'Assemblée parlementaire, sise à Strasbourg, élit les juges de la Cour européenne des droits de l'homme et le secrétariat général. Elle dialogue avec le Comité des ministres, l'organe exécutif de l'organisation, dont la présidence change tous les six mois. La Suisse y est représentée par le conseiller fédéral Ignazio Cassis (PLR), ministre des Affaires étrangères.
La Suisse est membre du Conseil de l'Europe depuis 1963 et y est représentée, au sein de son organe législatif, par douze parlementaires fédéraux. Aux côtés de Damien Cottier pour cette législature, d'autres Romandes et Romands: les socialistes Pierre-Alain Fridez (JU) et Ada Marra (VD), la Valaisanne Marianne Maret (Le Centre) et le Vaudois Jean-Pierre Grin (UDC).
Vingt-cinq minutes plus tôt, ce politicien du Fidesz, parti national-conservateur du Premier ministre Viktor Orbán, le sait déjà: sa prise de parole va faire des vagues. Il le répète même plusieurs fois. «Ce que je vais vous dire ne sera pas apprécié par la majorité des collègues, car ça ne correspond pas à leur point de vue», traduit la voix off, lors de la retransmission de la séance, qui s'est tenue dans la salle du Parlement européen, celle du Conseil de l'Europe étant en cours de rénovation.
Livraison d’armes critiquée
Ce membre du Comité des ministres du Conseil de l’Europe (exécutif), qui siège ainsi aux côtés du conseiller fédéral Ignazio Cassis, pourfend les sanctions européennes contre Moscou, inefficaces selon lui. Peter Szijjarto critique aussi les livraisons d’armes à l’Ukraine, qui prolongeraient le conflit. Avant d’appeler à une fin rapide de la guerre, à la paix, pour le bien de l’économie européenne et pour sauver la vie de nombreuses personnes.
Joint par téléphone ce mardi, Damien Cottier, qui fait partie de la délégation suisse dans l’hémicycle strasbourgeois, n'en démord pas. «En substance, il suggère que les deux parties sont responsables à parts égales du conflit et qu’il suffit que les deux pays se mettent à table pour trouver un compromis», analyse-t-il. Le tout, avec un argumentaire économique.
«On fait fi de la souveraineté ukrainienne»
Or, «cela signifierait que l’Ukraine devrait céder des territoires conquis illégalement par la Russie, estime le Neuchâtelois, candidat à sa réélection sous la Coupole fédérale. Ainsi, on fait fi de la souveraineté ukrainienne et l’on oublie qu’il y a un agresseur aux yeux du droit international pour reprendre le business as usual. Dire cela ne correspond pas aux valeurs de cette institution, créée il y a près de 75 ans pour promouvoir la paix et le respect du droit en Europe!»
L’ancien chef de cabinet du conseiller fédéral Didier Burkhalter, lorsque celui-ci était à la tête des Affaires étrangères, en profite pour chatouiller le gouvernement hongrois: «Ils sont en contact avec Moscou, s’y rendent régulièrement. C’est pour ça que je lui ai demandé d’intervenir, pour que le gouvernement russe, qui a provoqué cette guerre, cesse de violer le droit international, notamment les Conventions de Genève, en visant des habitations ou des infrastructures civiles comme un barrage.»
Lors de la séance en plénum, Peter Szijjarto a été obligé de se justifier (voir la vidéo ci-dessus). «Il était soudain sur la défensive et s’est un peu rattrapé en condamnant cette guerre», note le chef du groupe libéral-radical au Conseil national.
Auteur d’un rapport
L’élu romand connaît bien la situation en Ukraine. Durant l’été 2022, il s’y est rendu avec la Commission des affaires juridiques et des droits de l’homme du Conseil de l’Europe. Commission qu’il préside: «À la suite du rapport, que j’avais déposé en janvier, et des propositions qu’il contenait, l’Assemblée a adopté différentes mesures.»
Par exemple? «La création d’un registre des dommages causés par l’agression russe en Ukraine, votée en mai, à Reykjavik par les chefs des 46 États membres, répond celui qui a travaillé pour la Mission suisse auprès des Nations Unies entre 2017 et 2020. En clair, cet outil permet aux Ukrainiennes et Ukrainiens de déposer des éléments de preuves des destructions subies dans l’espoir d’obtenir réparation à la fin du conflit.»
Un bureau satellite sera créé à Kiev, mais ses headquarters seront établis à La Haye (Pays-Bas), histoire d’être proche de la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis un mandat d’arrêt international contre Vladimir Poutine en mars.
Marqué par sa visite en Ukraine
Damien Cottier reste marqué par sa visite en Ukraine, à Kiev, Boutcha et Irpin — et les trois jours et demi de voyage au total, notamment en train de nuit, pour les quinze heures passées sur place. «C’est très poignant, évidemment. Il y a le visuel… Et, l’odeur de brûlé, partout! À Irpin, ville au nord de la capitale dans laquelle les chars russes ont été repoussés, 80% des immeubles ont été détruits ou endommagés. Vous y voyez très clairement comment la guerre a pris les gens par surprise dans leur vie quotidienne.»
Des détails entaillent son œil: «Je me souviens très bien d’une scène: une façade éventrée et, dans la cuisine, aujourd’hui visible depuis la rue, une tasse de café sur une table et un ours en peluche abandonné sur une chaise… Des gens étaient certainement en pyjama en train de déjeuner quand l’armée russe a débarqué!»
Vertige. «C’était frappant, comme si le temps s’était arrêté. Irpin est une banlieue résidentielle familiale, semblable à celles que l’on connaît en Suisse. Je me suis dit que ça pourrait aussi nous arriver, ç’aurait pu être la banlieue d’une ville suisse!»
Jamais deux sans trois?
Quand il s’est levé pour affronter Peter Szijjarto, ce lundi à Strasbourg, ces souvenirs terrifiants se bousculaient certainement dans un coin de sa tête. Ce n’était pas la première fois que Damien Cottier taclait ce ministre des Affaires étrangères.
Au cours d’un plaidoyer très personnel, le quadragénaire avait blâmé le gouvernement hongrois pour ses politiques jugées homo- et transphobes, en octobre 2021. Ce 19 juin, le Suisse, lui-même ouvertement gay, arborait un ruban arc-en-ciel autour du cou. «C’est un cordon pour le badge de parlementaire. Je le mets notamment durant le mois de juin. C’est le pride month (ndlr: mois des fiertés LGBTQIA+). Et je trouvais assez approprié de le porter lors de cet échange avec le ministre hongrois!»