Crise du logement dans les Alpes
Les saisonniers doivent se battre pour trouver des logements abordables

Avec le début de la saison d'hiver, les hôtels des régions de montagne se remplissent mais il reste peu de place pour les travailleurs. Des milliers de saisonniers se battent chaque année pour trouver un logement abordable, et la situation ne cesse de s'aggraver.
Publié: 23.11.2025 à 21:51 heures
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Dans les hotspots touristiques comme Davos, la pénurie de logements est particulièrement importante.
Photo: Screenshot
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Beat Schmid

La saison d'hiver commence dans les Alpes. Avant l'arrivée des touristes, des milliers de travailleurs saisonniers affluent dans les vallées de montagne. Pour Olga F.*, originaire d'Europe de l'Est, c'est la deuxième saison en Suisse. L'année dernière, elle travaillait dans le luxueux hôtel The Chedi à Andermatt (UR), le fleuron d'Andermatt Swiss Alps AG, projet de l'investisseur Samih Sawiris. Elle logeait à Göschenen, en bas de la vallée uranaise de la Reuss.

«La chambre était très petite et je devais la partager», raconte-t-elle. La chambre avait à peine de la lumière naturelle: la seule ouverture de fenêtre était étroite et la kitchenette se trouvait derrière un rideau. «C'était une catastrophe.» Cette chambre lui coûtait 450 francs par mois. Pour cette saison, elle a cherché un nouvel emploi et s'est dégottée une place dans un petit hôtel qui offre une chambre au personnel avec douche et WC. La jeune femme de 24 ans, qui ne parle que très peu l'allemand, dispose de la pièce pour elle toute seule.

«C'est le chaos total»

Les logements dans les régions de montagne sont une denrée rare. Pour des milliers de saisonniers, c'est chaque année le parcours du combattant. «C'est le chaos total en ce qui concerne les logements pour les employés», déclare un hôtelier local. Certains employés doivent se rendre à 40 kilomètres de là. Une porte-parole d'Andermatt Swiss Alps déclare qu'en principe, des chambres sont mises à disposition pour tous les collaborateurs. Mais la demande a fortement augmenté. «Nous travaillons à la création de logements supplémentaires». Des projets concrets seraient en cours de planification.

L'association sectorielle s'est également saisie du sujet. «Si la situation reste gérable dans bien des communes, elle devient critique dans les destinations touristiques», déclare un porte-parole d'Hotelleriesuisse. Dans certaines destinations, le taux de logements vacants est inférieur à 0,5%, ce qui augmente fortement les loyers et rend la recherche d'un logement «pratiquement impossible». En moyenne, le taux de logements vacants est de 1% en Suisse. La rareté de l'offre rend le recrutement difficile: «Pour les entreprises qui ne peuvent pas proposer de logement, la recherche de collaborateurs devient de plus en plus difficile.»

«Il y a longtemps que nous ne pouvons plus pourvoir tous les postes», déclare Ernst Wyrsch, président de la Société cantonale des hôteliers des Grisons et directeur de longue date du Grand Hôtel Steigenberger à Davos (GR), où la pénurie de logements est particulièrement importante. Actuellement, 5 à 8% des postes restent vacants, dit-il. La situation est «précaire». A cela s'ajoute le fait que les hôtels ont beaucoup investi et offrent davantage aux clients, ce qui nécessite du personnel supplémentaire. La pénurie de logements serait parfois «auto-infligée»: plusieurs établissements ont transformé d'anciens dortoirs du personnel en logements de vacances, plus rentables. Résultat: encore plus de salariés se retrouvent en concurrence sur un marché déjà saturé.

Les jeunes ont des exigences

D'autre part, il observe un changement des attentes: «Les jeunes générations ne veulent plus partager leur chambre. Elles attendent une salle de bains privée et un certain confort.» Il ne veut pas leur en faire le reproche. «Après tout, c'est nous qui avons élevé cette génération ainsi.» Parallèlement, de nouvelles initiatives voient le jour: à Davos, on essaie de créer des logements abordables avec des coopératives. Une nouvelle idée a récemment été lancée: lutter contre la pénurie avec des mini-maisons. Un processus de longue haleine, mais indispensable.

*Nom connu

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