Coûts non couverts par la Confédération
Les agriculteurs qui se soucient du bien-être des animaux en paient le prix fort

De nombreux agriculteurs et agricultrices perdent de l'argent parce qu'ils en font plus en matière de protection des animaux. Ceux qui respectent volontairement des conditions plus strictes sont ainsi désavantagés. Explications.
Publié: 10.03.2024 à 18:02 heures
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Dernière mise à jour: 10.03.2024 à 18:04 heures
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Pour le bien-être des animaux, les étables doivent être suffisamment lumineuses et à l'air libre.
Photo: Keystone
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Vanessa Mistric

Ils seraient nombreux à avoir construit des étables respectueuses des animaux et à investir dans leur propriété familiale pour finalement se retrouver avec des frais non couverts. C'est ce qu'ont dénoncé plusieurs agriculteurs qui ont participé à des manifestations paysannes ces dernières semaines.

Personne ne veut payer pour les animaux

C'est le cas notamment de Beat Schwab, éleveur de porcs à Niederbipp (BE) et co-initiateur des «veillées» des paysans bernois. Il critique: «Tout le monde veut le bien-être des animaux, mais personne ne veut payer pour cela.» Par «personne», il entend: ni la Confédération, ni les détaillants, ni les clients dans les magasins.

Un nouveau rapport du Conseil fédéral démontre que le problème n'est pas réservé à quelques exploitations, bien au contraire. Ce sont justement celles-ci qui participent le plus – et volontairement – aux programmes de bien-être animal de la Confédération. Elles respectent des conditions plus strictes, tout en perdant bien souvent de l'argent.

En cause, les contributions fédérales qui ne suffisent pas à couvrir les coûts supplémentaires. Par ailleurs, la prime que les détaillants versent pour la «viande de bien-être animal», par exemple, ne couvre pas non plus les coûts. Selon le rapport, les exploitations ne s'attendaient pas à devoir couvrir autant de frais supplémentaires.

Des primes qui baissent

Cette année, le problème s'est même aggravé. Les détaillants ont récemment réduit leur prime en raison d'une «baisse de la demande». Et la Confédération, dans le cadre de son programme d'économies, a réduit de 15 millions de francs les contributions au bien-être des animaux depuis janvier 2024. Ainsi, pour une vache moyenne, les agriculteurs ne touchent plus que 75 francs par an au lieu de 90 auparavant.

Les exploitations concernées sont celles qui participent au programme de bien-être animal «out». Celui-ci doit inciter à transformer les étables pour que les porcs, les vaches et les poules, par exemple, aient davantage accès à l'air frais. Cela signifie qu'une partie de l'étable doit être ouverte vers le haut, car l'air y est souvent fortement chargé en substances nocives.

La lumière du soleil, et donc l'importante vitamine D, font défaut et les animaux ne peuvent guère bouger. Il en résulte des maladies qui doivent être traitées avec des antibiotiques. Les étables «particulièrement respectueuses des animaux», doivent aussi leur permettre d'être confortablement couchés et de se déplacer facilement entre différentes zones.

L'office fédéral ne voit pas la nécessité d'agir

De son côté, l'Office fédéral de l'agriculture ne voit pas la nécessité d'agir. Le rapport montre que les exploitations pour lesquelles la mise en œuvre des conditions rapportent moins profitent davantage des paiements directs. L'objectif des programmes de bien-être animal est considéré comme atteint, car suffisamment d'exploitations y participent.

Dernièrement, environ 80% des exploitations ont participé au programme pour les étables «particulièrement respectueuses des animaux», et environ 65% au programme de bien-être des animaux. 

Swissmilk, l'association de la production laitière suisse, critique le fait que de nombreuses exploitations aient cédé à la pression politique et aient fait des investissements coûteux dans des étables. Elles en subiraient maintenant les conséquences. L'agriculteur Urs Haslebacher, de Lohnstorf (BE), a également déclaré au «Schweizer Bauer» que la société avait souhaité ces étables respectueuses des animaux et que la politique poignardait désormais les exploitations dans le dos.

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