Des centaines de tracteurs ont perturbé la circulation dans le centre historique de Prague, en République Tchèque, jeudi. Les manifestants ont appelé le gouvernement à soutenir l'emploi rural et à abandonner les mesures d'austérité, y compris les taxes sur les subventions de l'Union européenne (UE).
Ils se sont également plaints des coûts de production élevés, de la bureaucratie excessive, de la législation environnementale européenne et des importations de céréales en provenance d'Ukraine. «Nous protestons contre notre gouvernement, il retient nos subventions et nous n'avons pas les mêmes conditions qu'en Allemagne ou en France», a déclaré à l'AFP Michal Lucan, qui a parcouru 200 km pour venir à Prague.
Selon lui, l'Europe reste divisée entre l'Ouest, privilégié, et l'Est. «Ils ne font que nous exploiter, nous exportons des aliments de qualité vers l'Allemagne et la France et nous en importons de qualité inférieure», a-t-il ajouté.
Venu de l'ouest de la République tchèque, Zdenek Taubr a souligné que le gouvernement devrait réduire les charges administratives pour les agriculteurs. «Travailler la terre, c'est bien, mais maintenant, on passe plus son temps au bureau et on ne va plus du tout sur le terrain. Et je suis déjà perdu dans la paperasse», a-t-il déclaré à l'AFP.
La foule devant le bâtiment du gouvernement tchèque à Prague était moins nombreuse que prévu par la Chambre de l'agriculture qui avait tablé sur 4000 manifestants et 1000 tracteurs et autres machines agricoles.
Des milliers d'agriculteurs en colère se sont également rassemblés mercredi à Varsovie, dans la Pologne voisine, dénonçant la réglementation européenne et les importations bon marché en provenance d'Ukraine.
La même colère déchaîne les agriculteurs français et espagnols
Le même jour au Pays basque, environ 300 agriculteurs français et espagnols ont bloqué avec leurs tracteurs le péage frontalier de Biriatou, lançant un «ultimatum» à l'UE pour une «énergie de production totalement détaxée».
Réunis depuis jeudi à midi à la barrière de péage des deux côtés de la frontière, les agriculteurs ont livré leur revendication commune, sans brandir de banderoles syndicales.
Ils donnent à l'UE jusqu'au 1er juin pour aboutir à une «taxe zéro» sur le gaz, l'électricité, le gasoil ou encore le GNR (gazole non routier). «Ils ont deux mois pour trouver une solution, on va repartir bosser dans nos fermes mais on sera là si besoin début juin», dit Thierry, éleveur de bovins au Pays basque, non-syndiqué.
Les tracteurs, sur lesquels étaient affichés des slogans comme «Plus de revenu» ou «Agriculteur, enfant on en rêve, adulte on en crève», sont restés stationnés sur l'autoroute plusieurs heures, laissant une voie de circulation ouverte, avant un retour en opération escargot prévu en fin d'après-midi.
«C'est la première fois que nous nous mobilisons ensemble et probablement pas la dernière», a commenté Joseba Pagadizabal, fermier espagnol. En France, le patron du syndicat agricole majoritaire FNSEA avait indiqué dimanche que les exploitants attendaient maintenant des «réalisations très concrètes» après les promesses du gouvernement.
(ATS)