Bonne ou mauvaise idée?
Face au fiasco des F-35, Martin Pfister plaide pour des drones armés

Au vu de la débâcle face à Washington, le conseiller fédéral Martin Pfister propose d'acheter moins de F-35 et de plutôt miser sur des drones. Blick analyse les avantages et inconvénients de cette alternative militaire.
Publié: 15.08.2025 à 05:45 heures
|
Dernière mise à jour: 15.08.2025 à 07:17 heures
Partager
Écouter
Les drones de combat pourraient-ils bientôt remplacer les avions de combat dans l'armée?
Photo: Anadolu via Getty Images
BlickMitarbeiter06.JPG
Chiara Schlenz

Le conseiller fédéral Martin Pfister a lancé l'idée mercredi 13 août. Au lieu d'acheter les 36 avions F-35 américains comme prévu, la Suisse pourrait adopter une tout autre stratégie: miser sur des drones armés, qui pourraient même être produits sur notre territoire. Jusqu'ici, la Suisse ne dispose que de drones de reconnaissance.

Au vu de la hausse des prix, le Conseil fédéral réfléchit à des alternatives. Blick fait le point sur les avantages et inconvénients des deux systèmes d'armement. 

A quoi servent les avions de combat et les drones?

Les avions de combat comme le F-35 sont très polyvalents. Ils assurent une souveraineté aérienne, interceptent les avions civils et militaires, peuvent lancer des attaques et constituent une dissuasion militaire visible. 

Les drones, de leur côté, sont des armes de pointe. Ils se chargent de la reconnaissance, de la surveillance et des frappes ciblées à distance. S'ils sont généralement plus lents, ils peuvent en revanche rester dans les airs pendant des heures. Un avantage pour la surveillance continue de l'espace aérien. Depuis les années 1990, ils font partie intégrante de la stratégie des armées modernes. Ils ont notamment fait leurs preuves en Afghanistan et au Proche-Orient.

Les drones sont-ils vraiment moins chers que les avions de combat ?

L'ancien chef d'Airbus, Tom Enders, a demandé en avril dernier que l'Europe – y compris la Suisse – mise plutôt sur une «armée de drones». Leurs avantages? Plus rapides, moins chers et plus flexibles que les avions de combat F-35.

Et Tom Enders a en partie raison! La Suisse devait initialement payer 6 milliards de francs pour trente-six F-35, soit environ 167 millions par unité. Le prix fixe convenu a été finalement rejeté par Washington.

Un drone turc Bayraktar TB2 est déjà disponible pour 5 à 10 millions de dollars, un MQ-9 Reaper américain coûte environ 30 à 40 millions. Selon le magazine spécialisé «Aerotime», ce sont les deux drones militaires les plus courants et les meilleurs sur le marché.

Une production de drones suisses est-elle rentable ?

Le Département de la défense a déjà mis en place une «Task-Force Drones», qui tourne avec un budget de 47 millions de francs. Son objectif? Développer et produire des drones armés opérationnels en Suisse d'ici à 2027.

Mais les experts ont des doutes sur la faisabilité du projet. Le marché suisse est trop petit pour supporter à lui seul les coûts élevés de développement. En raison de la loi stricte sur le matériel de guerre, les exportations d'armes sont fortement limitées. Les acheteurs internationaux évitent donc de se tourner vers le marché de l'armement suisse. Sans possibilités d'exportation, une production de drones purement nationale ne pourrait pas être viable économiquement.

Pour quelles missions les avions sont-ils irremplaçables?

Lorsqu'il faut aller vite pour intercepter un «ennemi» dans l'espace aérien. Un avion de combat est supposé décoller en quelques minutes pour identifier ou repousser un avion inconnu. Les drones sont trop lents pour accomplir cette mission. Ils ne volent pas assez haut et ne sont pas conçus pour faire des manœuvres d'interception directes.

Qui est le plus puissant dans les airs?

Autrefois, la suprématie aérienne s'expliquait par une question de vitesse et de puissance. Aujourd'hui, des centaines de drones bon marché peuvent surcharger les systèmes adverses et détruire des appareils coûteux, comme c'est le cas en Ukraine. Les drones apportent en fait une «guerre asymétrique» dans les airs: ils permettent d'obtenir des grands effets avec peu d'efforts. Ils restent néanmoins vulnérables aux interférences électroniques et aux défenses aériennes modernes. Face à un adversaire techniquement égal, les avions restent indispensables. 

Qui est le plus durable?

Les avions de combat ont une durée de vie de 30 ans et plus. Par contre, ils doivent régulièrement être adaptés – et cela coûte cher. Les drones sont mis à niveau plus rapidement et peuvent plus facilement s'adapter à de nouvelles missions. Sur le plan technologique, ils évoluent rapidement. Avec la technologie, un dispositif moderne peut être obsolète en moins de cinq ans. Les drones sont certes plus éphémères, mais aussi plus flexibles.

Quelle est donc la solution?

Pour résumer, les drones restent inférieurs aux avions de combat. Ils ne peuvent pas vraiment être considérés comme un adversaire à parts égales, mais plutôt comme un complément solide aux F-35.

Si les avions de chasse semblent indispensables pour protéger l'espace aérien suisse, acquérir des drones présente plusieurs avantages: réduire les coûts, minimiser les risques et rendre l'armée plus flexible, notamment lors d'opérations à l'étranger ou de missions de surveillance. Et cela, Martin Pfister semble l'avoir compris: «Nous ne pouvons pas nous passer d'avions. Il faut les deux», déclarait-il mercredi. La solution pour la Suisse serait peut-être d'acheter moins de F-35, en y ajoutant quelques drones.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la
Articles les plus lus
    Articles les plus lus